FABOULA GOLD S.A : Face au silence coupable d’Aliou Boubacar Diallo, les 199 travailleurs appellent au secours

Sene Kunafoni

C’est avec impuissance et désolation que les travailleurs licenciés de l’entreprise d’extraction minière Faboula Gold S.A continuent d’exposer leur mésaventure avec des dirigeants qui ont toujours défié l’autorité judiciaire du Mali depuis 2019. Lisez la réaction de Dr Youssouf KEITA, vice- président du collectif des travailleurs licenciés de Faboula Gold S.A, pour en savoir davantage.

En effet, l’aventure cauchemardesque d’une partie des travailleurs de Faboula Gold a débuté après que le richissime homme politique Aliou Boubacar Diallo, non moins président de l’ADP-MALIBA ait décidé de vendre la société Wassoul’or S.A à des acheteurs qui, il faut le signaler, étaient ses collaborateurs de longues dates. La société prenant le nom de Faboula Gold S.A à l’initiative de ses nouveaux propriétaires en provenance de Suisse et du Qatar, entreprit en 2019, une campagne de licenciement pour motif économique. Cette décision aussi brusque qu’insensée laissa place à de multiples interrogations. Une société nouvellement acquise peut- elle tomber dans une crise économique sans qu’elle ne lance réellement ses activités de production ?
Les nouveaux propriétaires n’étaient-ils pas suffisamment informés sur la situation économique de la société au point de l’acheter ?
Malgré les zones d’ombre qui couvrent les réponses possibles à ces interrogations, la société Faboula Gold met en exécution son dessein en mettant au chômage économique 199 travailleurs sans prévoir un accompagnement financier que ce soit, encore moins le paiement des arriérés de salaire desdits travailleurs. Et comme si cela ne suffisait pas, la société s’est permise de fouler au pied la loi en ne procédant, ni au rappel des travailleurs ciblés, ni à leur licenciement après l’expiration de la date du chômage. Pire, les employés qui ont tenté d’aller travailler et dont le raisonnement était qu’après les 3 mois de chômage (du 31 décembre 2019 au 31 mars 2020) écoulés, qu’ils devraient normalement reprendre les activités, ont tout simplement été refoulés comme des vulgaires bandits.
C’est précisément le 27 avril 2020, après que la période du chômage économique ait été expirée depuis 27 jours, que la société a remis les lettres de licenciement aux travailleurs concernés. 4 mois venaient donc de s’écouler sans que ces 199 personnes ne puissent avoir de revenu pour leur survie et de celle de toutes les personnes qui dépendaient d’eux avec tous les risques d’instabilité psychologique que cela peut comporter. Pendant qu’ils vivaient ce calvaire indescriptible, la société refusait de s’acquitter de ses obligations à savoir le paiement des arriérés de salaire et des frais de prise en charge sanitaire.
Gardant toujours l’espoir qu’après le licenciement, que la société allait payer les indemnités de licenciement et les arriérés de salaire et frais sanitaires, les travailleurs verront une fois de plus leur droit bafoué par l’instance dirigeante de ladite entreprise minière qui décide de payer l’ensemble des dus en deux tranches. Il est important de signaler qu’au moment où les travailleurs licenciés étaient traités comme des malpropres par leur employeur, ils n’ont bénéficié d’aucune forme de justice à laquelle la Direction régionale du travail de Sikasso devait se porter garant si ce n’est la tenue de réunions infructueuses par cette dernière, car la société ne s’est jamais conformée aux prescriptions relatives au code du travail et aucune sanction n’a été prise à la hauteur de ses nombreuses violations judiciaires.
Malgré l’acceptation désespérée par les travailleurs licenciés des modalités de paiement des différents dus, de nombreuses irrégularités furent décelées. Dressons-les de manière succincte dans les lignes ci-après : Non-paiement du salaire du mois d’avril ( période comprise entre la fin du chômage économique et la date de notification du licenciement); Non prise en compte de l’augmentation sur les salaires effectuée avant le chômage économique au moment du calcul des indemnités de licenciement; Non prise en compte de la loi relative aux mesures d’accompagnement en cas de licenciement massif pour motif économique ; Demande de paiement des dommages et intérêts pour avoir traîné le calcul et paiement des droits, trois mois après le licenciement.
Nous avons été désagréablement surpris de constater que leur ancien patron en l’occurrence Monsieur Aliou Boubacar Diallo puisse rester indifférent à leur souffrance et leur vulnérabilité face à des gens qui n’ont manifesté aucune considération envers l’instrument juridique du Mali. Ce riche homme d’affaires et politicien, qui n’hésite pas à se vanter de ses projets pour le développement de son pays, ne sait jamais intéresser à notre sort, pourtant, nous avons été ses employés durant de longues années.
J’interpelle le peuple malien à travers les interrogations ci-après : Un homme politique qui ne se préoccupe pas des conditions de ses anciens travailleurs et de surcroit ses compatriotes mérite-t-il la confiance du peuple pour devenir Président de la République ou d’occuper un poste à responsabilité élargie ? ; N’est-il pas crucial aujourd’hui d’observer concrètement les actions antérieures des hommes politiques affichant le désir de gérer les affaires de toute une nation pour éviter tout regret ? ; Monsieur Aliou Boubacar Diallo ne doit-il pas s’interroger sur la situation des employés dont il a eu le privilège d’employer dans un passé récent avant de formuler un quelconque projet de développement à l’échelle nationale ?
Nous tenons à préciser avant de clore cette analyse, que nous n’avons nullement la prétention de ternir l’image de la société Faboula Gold S.A ou de celle d’Aliou Boubacar Diallo, mais nous voulons tout simplement que toute la lumière soit faite sur la situation désastreuse que vivent les travailleurs licenciés de 2020 depuis bientôt deux années sans que la justice ne leur soit rendue. Nous pouvons d’ores et déjà compter sur la justice malienne qui est en train de montrer des prouesses jamais enregistrées dans le pays depuis l’avènement de la démocratie. Avec cette donne, nous osons espérer la fondation du « Mali Kura », un Mali où la justice sociale deviendra une réalité et non une utopie.
Dr Youssouf KEITA, vice- président du collectif des travailleurs licenciés de Faboula Gold S.A.

 

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