Un remaniement, un réaménagement, un ajustement. Appelez cela comme vous voulez. Les mots changent, mais le fond reste le même. Dans les couloirs du pouvoir, les visages se succèdent, les portefeuilles changent de mains, et les communiqués pleins de promesses s’enchaînent. Mais sur le terrain, la réalité demeure inchangée : le Mali souffre. Et ce n’est pas une nouvelle équipe qui, à elle seule, inversera cette tendance.
Le mal est plus profond. Il ne se trouve pas seulement dans les nominations ou dans les titres, mais dans les cœurs et dans les esprits. Il ne pourra se relever que dans la réconciliation sincère, pas seulement politique, mais aussi humaine. La justice ne peut être sélective, ni à géométrie variable. Certains prisonniers n’ont plus leur place derrière les barreaux. D’autres, contraints à l’exil pour leurs idées ou leur engagement, attendent qu’on leur tende enfin la main, non par faveur, mais parce que leur place est ici, au service du Mali. Il n’est plus un secret que le Mali a besoin de tous ses fils et filles. De toutes ses forces.
Des plus humbles aux plus expérimentés. Ceux qui ont des expertises à faire valoir ne peuvent éternellement rester sur la touche, à cause d’un contexte, d’un malentendu ou d’une rancune. Le temps presse, et les défis s’accumulent : insécurité persistante, économie fragile, espoirs en berne. Cela devrait suffire à convaincre que le salut ne viendra pas du repli, mais de l’ouverture. Ceux qui dirigent aujourd’hui doivent avoir le courage de reconnaître qu’il manque quelque chose à la marche actuelle du pays. Quelque chose d’essentiel, qui n’a rien à voir avec les chiffres ou les tableaux de bord : l’unité sincère du peuple malien.
Cette unité, on ne la décrète pas. Elle se construit avec des gestes forts, des décisions courageuses et, surtout, la capacité à pardonner et à inclure. Le Mali se sauvera avec des actes de réconciliation authentiques. Il est temps d’écouter ce que la rue, les familles, les exilés et même certains prisonniers murmurent depuis longtemps : le pays vaut plus que nos querelles.
Abdourahmane Doucoure
