L’option à assurer l’auto insuffisance alimentaire demeure la préoccupation essentielle de tous les gouvernements qui se sont succédé au Mali, de l’Independence à nos jours. Ce d’autant que le Mali s’attribue la réputation légendaire de pays à vocation agropastorale. Cependant, la problématique d’une équation visant à un équilibre entre la production et la communication passe pour être un boulet aux pieds des autorités. La vision du président de la république du moment suffirait-elle à inverser la tendance ?
Les céréales représentent, à s’y méprendre, un enjeu énorme dans le schéma de l’alimentation dans notre pays. D’ici 2028 la demande en céréales au Mali oscillerait entre 15 et 20 millions de tonnes par an. Une donne qui n’est pas sans interpeller les hautes autorités à revoir les mécanismes qui sous-tendent la production. Là réside tout le bien fondé de la vision du président, articulée autour de stratégies idoines que porte la fabuleuse loi d’orientation agricole. Aujourd’hui, la question fondamentale reposerait sur l’articulation des mécanismes nécessaires à relever ce défi majeur, les prochaines années. En cela, la sécurité alimentaire passe pour s’afficher en priorité des agendas des acteurs de première loge au Mali. Malgré. Près de 40% de nos besoins sont importés principalement de l’Asie, l’Inde et la Thaïlande en particulier. Les volumes d’achats de céréales importés influencent énormément le déficit de la balance commerciale du Mali. A ce rythme, comment le Mali pourra-t-il inverser la tendance de façon à inscrire dans la durée une production nationale évolutive ?
Des initiatives politiques nationales entreprises en vue d’atteindre le niveau de la sécurité alimentaire, voire être un pays exportateur.
Prenant le taureau par les cornes, ou plutôt, le tracteur par son volant, le président de la république, son excellence Ibrahim Boubacar Keita, dans le cadre de la modernisation et de la mécanisation de l’Agriculture au Mali, avait initié en 2014 un programme de subvention des équipements agricoles en plus du programme de subvention des intrants agricoles en 2008. Au titre des équipements visés par cette généreuse initiative, loisible était de retenir les tracteurs, les motoculteurs avec accessoires, les matériels de post-récoltes, d’irrigation et ceux afférents à l’élevage et à la pêche. La vision éclairée, saluée de tous les intervenants du secteur, visait, par ailleurs, à rehausser considérablement le taux d’équipements agricoles du Mali qui était de 1% seulement en mode motorisé et mécanisé.
A s’en convaincre, la démarche du président de la république, du reste, président du conseil supérieur de l’agriculture, se fonde sur un constat établi suite aux données du recensement (RGA, CPS, 2005), 54%, selon lequel, des exploitations maliennes possèdent au moins une charrue, 72% des superficies, soit 2.358.308 hectares sont cultivées à la traction animale pendant que 17% (soit 119.000 exploitations) sont encore en mode manuel contre à peine 1% en motorisé.
C’est pourquoi, le Programme de mécanisation et de motorisation agricole s’est invité et en bonne place dans le Plan d’action 2014-2018 du ministère de l’Agriculture afin de porter le taux d’équipement des exploitations agricoles de 40 à 60%. La réalisation de ce programme aura permis d’octroyer déjà 1000 tracteurs aux exploitants agricoles du Mali ayant coûté au budget national et à la faveur contribution de bénéficiaires un montant de 13,6 milliards de F CFA. Par ce geste, le gouvernement malien a concrétisé sa volonté d’assurer la promotion d’une agriculture durable, moderne et compétitive, garantissant la sécurité alimentaire et nutritionnelle d’une population de plus en plus croissante, dans un espace économique ouvert et concurrentiel.
Aussi, des gros efforts ont-ils été déployés par le gouvernement malien pour améliorer le climat juridique du secteur de production agricole, dans la même dynamique, promouvoir des investissements notamment privés. La mise en œuvre d’une Loi d’Orientation Agricole est passée par là. Aujourd’hui, ces nombreuses actions et initiatives du gouvernement concrétisent la grande ambition du Mali à relever le défi de la sécurité alimentaire à travers le renforcement de la résilience des systèmes de production agricole.
Au Mali, si les hommes constituent l’un des acteurs principaux du monde de production agricole force est de reconnaître que les Femmes maliennes gagnent en autonomie, grâce à l’Agriculture.
Les Femmes maliennes deviennent de plus en plus des piliers d’un système de production agricole jadis largement dominé par des hommes dont le dilettantisme dans cette activité peine encore à assurer la sécurité alimentaire de ce pays d’environ 18 millions d’habitants. En effet des études ont montré au Mali qu’en fournissant aux agricultrices le même accès aux ressources productives que les hommes, on pourrait sortir de la pauvreté, souligne un rapport du FIDA. Sur la période 2010-2015, les aides de ce fonds onusien ont touché 139 millions de personnes dans le monde, dont 11,6 millions de femmes qui ont bénéficié d’initiatives d’autonomisation.
« Je trouve cela très bien si cela contribue à accélérer le développement de l’agriculture » au Mali, où « les femmes ont plus de difficultés à accéder aux financements aux semences à des terres et aux engrais », commente Jean-Christophe Debar, président de la fondation FARM, un think tank spécialiste de l’agriculture internationale.
Malgré des avancées énormes dans le processus de la production et de la productivité agricoles, des multiples contraintes planent sur la sécurité alimentaire au Mali.
En dépit de la dynamique enclenchée au Mali, un péril certain plane sur les efforts du gouvernement malien pour atteindre la sécurité alimentaire. L’on s’accorderait à pointer le curseur sur des facteurs comme la pauvreté des sols, la désertification, la piètre situation des femmes agricultrices, le changement climatique, sous-financement de l’Agriculture, la croissance démographique, la difficulté d’accès aux terres, manque d’eau, entre autres.
D’une ambivalence à se prendre la tête, d’aucuns en seraient à se demander comment le Mali, pays pauvre où une grande partie de la population est sous- alimentée, en dépit d’une production de nourriture en abondance relative sur certaines de ses terres, en soit à exporter des denrées vers des pays dont les habitants mangent déjà à leur faim ?
Comment s’accommoder d’un système qui confine la sécurité alimentaire au commerce enrichissant de particuliers, qui plus est dans un pays où une multitude d’êtres humains souffrent de la faim parce que trop pauvres pour cultiver ou se procurer une ration alimentaire répondant aux normes requises. Envers et contre tout, le concept de la sécurité alimentaire au Mali devrait reposer sur la capacité des systèmes et réglementations mises en place par le gouvernement à venir en aide aux citoyens les plus défavorisés afin qu’ils puissent se nourrir décemment. En réponse à cette donne, la volonté politique s’est exprimée par la mise en place d’une institution à but humanitaire, le commissariat à la sécurité alimentaire, notamment. Structure dont la vocation consiste à distribuer de la nourriture, par le biais d’un service, aux plus démunis et à des exploitants ayant fait une mauvaise récolte. l’OPAM, puisque c’est cela dont il s’agit, connaîtra par la suite des limites dans la couverture de l’ensemble des besoins nationaux.
La libéralisation du commerce a incité le gouvernement à accorder la priorité aux cultures d’exportation et aux importations de denrées alimentaires plutôt qu’à la production de nourriture pour la consommation locale ; et ce sont surtout les femmes maliennes agricultrices qui paient le prix de ce virage. Selon une étude au Mali, les cultures vivrières doivent rivaliser avec la production accrue du coton. Grâce aux mesures incitatives du gouvernement, la production du coton s’est étendue et les exportations de coton ont augmenté. En effet, tout cela, bien sûr, fait reculer la sécurité alimentaire des plus vulnérables. La recherche de véritables solutions à ces problèmes ne compterait-elle parmi les priorités du gouvernement malien ou celles d’un grand nombre de privés, lorsque tous les acteurs ‘’ exploitants ‘’ s’accordent à soutenir que la libéralisation du commerce a détérioré leurs conditions de vie.
Consolider les acquis et Renforcer la Résilience des Systèmes de Production Agricoles face aux Aléas.
Le Mali est un pays dont l’économie repose essentiellement sur le secteur primaire, l’Agriculture. Le secteur contribue pour 45% environ à la constitution du Produit Intérieur Brut.Mais force est de reconnaître que l’importance de ce secteur s’est rarement prévalue d’une véritable opportunité de développements socio-économiques Toutefois, dans la perspective d’atténuer cet état de fait vis à vis de ces produits primaires subordonnés aux problèmes de valorisation, de l’évolution du marché régional ainsi que l’évolution des nouvelles techniques de production Agricole…l’Etat malien a entrepris d’ambitieux programmes avec l’appui de ses partenaires au développement. Il s’agit de réformes macro-économiques, structurelles et institutionnelles destinées à lutter contre la pauvreté en valorisant les potentialités agro pastorales nationales, par voie de fait, inciter les investissements nationaux et étrangers à soutenir les filières de l’Agriculture de nature à lutter contre l’insécurité alimentaire; encourager l’économie à travers l’augmentation de la production Agricoles ; créer de la valeur ajoutée par la transformation de nos produits Agricoles, assurer la gestion rationnelle des ressources naturelles et bien réguler les mécanismes d’échanges sur le marché régional.
Bien que ces actions soient en train de se solder positivement, le secteur Agricole malien reste toujours confronté à des difficultés de productivité qui donnent l’impression d’un secteur peu performant. Une des solutions pour résoudre les problèmes de la sécurité alimentaire consisterait à maintenir le renforcement de l’ensemble des capacités nationales à la résilience des systèmes de production agricole de façon régulière et durable, afin de pouvoir satisfaire la fameuse ambition malienne de sécuriser tous les maliens sur le plan alimentaire.
Fily FAINKE
Correspondant Régional à Ségou