Ils sont fatigués. Fatigués de faire semblant d’y croire encore. Fatigués de tendre la main vers un État qui ne répond plus. Fatigués d’attendre un lendemain meilleur qui recule à chaque aube.
Partout au Mali, la lassitude se lit sur les visages. Dans les files d’attente pour du carburant, sur les marchés où les prix flambent, dans les foyers où les coupures d’électricité plongent les nuits dans le silence et la poussière. Les Maliens sont fatigués de la misère, de la peur, des promesses jamais tenues, et des discours qui sonnent creux. Ils sont fatigués d’être toujours les seuls à payer le prix de l’incapacité des dirigeants. Fatigués de voir les mêmes erreurs se répéter, les mêmes responsables se défausser, et les mêmes discours s’éterniser pendant que la réalité s’effondre.
Fatigués de constater que l’État, censé les protéger, ne parvient plus à assurer l’essentiel : la sécurité, la justice, le pain et la dignité. Cette fatigue n’est pas une faiblesse. C’est celle d’un peuple qui a trop donné, trop espéré, trop souffert.
Un peuple qui continue pourtant à se battre chaque jour, à se lever, à chercher de quoi nourrir ses enfants, à espérer un changement même minime, même fragile. Les Maliens ont supporté les guerres, les sanctions, l’isolement, la cherté de la vie. Aujourd’hui, ils supportent la pénurie de carburant, les coupures, les privations, les humiliations.
Et malgré tout, ils gardent le sourire, la foi, la patience. Ce peuple mérite mieux que des slogans et des accusations. Il mérite la vérité, la transparence et le respect. Il mérite un État qui écoute avant de réprimer, qui agit avant de promettre, et qui protège avant de punir. Oui, les Maliens sont fatigués mais ils ne sont pas vaincus. Sous la poussière et la douleur, il reste une flamme : celle de la dignité.
Et si rien ne change, cette fatigue finira par se transformer en colère. Parce qu’un peuple qui n’a plus rien à perdre, finit toujours par reprendre ce qu’on lui a volé : son espoir, sa parole, et son destin
Dieu veille
A.D

