Vote monnayable au Mali : Didi DIAWARA très inquiète, mais engagée pour le futur

Sene Kunafoni

Candidate dans la région de Kayes, Circonscription électorale de Bafoulabé, sur la liste URD aux législatives de mars et avril 2020, Diaoulé dite Didi DIAWARA est une malienne de la Diaspora résident en France, mais valablement très engagée pour le développement, le respect du Mali et du Continent Africain. Apres les résultats définitifs proclamés par la Cour Constitutionnelle du Mali, le mois de mai dernier, elle a été parmi les candidats malheureux. Inquiète et déçue, elle en dit plus sur les causes de son échec dans cette interview qu’elle a voulu accorder à la rédaction du site senekunafoni.net.

Présentez-vous

Je m’appelle Diaoulé Diawara dite Didi, présidente du mouvement Proposition de solutions Mali, Secrétaire à la Promotion Féminine du Haut Conseil des Maliens de France et Ambassadrice des bonnes causes. Je viens de la première région, Kayes et du premier cercle Bafoulabé, dans la Commune Rurale de Diallan. Je réside en France depuis plus de 30 ans.

Vous êtes réputée de mener beaucoup d’activités en France et en Europe pour le bonheur des africains et des Maliens en particuliers, pouvez-vous nous en édifier ?

Merci de m’avoir posé cette question. J’ai eu la chance d’exercer 20 ans dans la fonction hospitalière à Paris. Dans le but d’aider mes compatriotes se trouvant dans des situations précaires et difficiles en France et en Europe je me suis penchée vers les activités associatives et politiques dans les années 2000. Je voyage à travers le monde pour défendre les droits universels de l’Homme. A travers ces activités, le hasard m’a fait rencontrer et œuvrer avec des personnes ayant un pied dans la politique dans le but d’apporter ma contribution et de me mettre au service de la population malienne. À titre d’exemple j’ai aidé des sans-papiers et ceux présentant des problèmes de santé. J’ai fait énormément de voyages à des fins d’enrichissement personnel sur le plan humain pour encore continuer à servir l’être Humain.

Après tous ces combats en dehors du continent, qu’est-ce qui vous a motivé d’être candidat aux législatives 2020 au Mali ?

Je répondrai l’amour de mon pays et mon ultime envie d’aider mon prochain et participer au développement de celui-ci. C’est pourquoi j’ai rejoint le monde politique où j’ai eu l’occasion de découvrir le parti de la majorité comme de l’opposition.

Vous étiez sous quelles couleurs?

La réponse n’est pas si simple car il faut avoir en tête que mon parcours politique ne fut pas linéaire. J’ai en premier lieu milité pour l’URD pendant quelques années. Au moment du renouvellement des instances, il s’est avéré que le règlement intérieur ne fut pas respecté.  Cela m’a amené à quitter le parti, ayant des ambitions tout autre à cette période. J’ai ensuite été sollicité, à la vue de mon engagement, ma motivation par la majorité qu’est le RPM. J’y ai occupé le poste de secrétaire générale adjointe. C’est mon envie de défi qui m’a animé face à un parti qui n’était pas encore abouti à l’époque d’autant plus que quand je l’intégrais il n’était pas favorable dans les sondages. Il n’empêche que leurs motivations me plaisaient et leur slogan « le Mali d’abord » et surtout la parité entre homme et femme qui venait d’être votée par le président IBK.

Alors, pour quoi sous les couleurs de l’URD et non du RPM que vous avez inlassablement soutenu par le passé ?

Cela faisait la deuxième fois que je me déplaçais de la France au Mali jusque dans ma circonscription pour soumettre mes ambitions politiques en me postulant comme candidat. J’ai donc soumis ma candidature et j’étais la seule du parti RPM, j’avais établi un lien avec la population, mis en place des comités, je participais aux activités cultuelles telles que la journée du 8 mars ou encore le festival de Kasso dont j’ai été la marraine, mais contre tout attente, le parti a failli à son engagement en retenant deux candidats hommes et une candidate d’un autre parti même pas majoritaire choisie arbitrairement sous prétexte d’alliance par des cadres du parti et non les électeurs. Malgré tous mes efforts, mon investissement financier, personnel et les risques que j’ai pris pour redorer l’image du parti RPM dans ma circonscription, j’ai été remplacée par une personne issue d’un autre parti. Je n’arrivais pas à comprendre les raisons qui les motivaient. Laisser une militante active, si bien engagée au profit d’une autre.

N’ayant pas été sélectionnée pour représenter le RPM, l’URD a contacté mon Directeur de Campagne pour lui demander si je souhaitais être leur candidat. Remplissant toutes les conditions pour défendre les couleurs de l’URD, j’ai donc accepté, mon objectif étant le militantisme malien. J’ai même été honoré et je remercie au passage ce parti URD qui a reconnu mes compétences et mon engagement.

Que pensez-vous de ces législatives de Mars et avril 2020?

Catastrophique. Placées sous le signe de rachat de conscience, mal organisées. Notamment, quand on se rend compte qu’une personne a procuration pour, au moins une trentaine d’autres en détenant des cartes d’électeurs, intimidation, insécurité, corruption, illégalité. A cela s’est ajoutée l’apparition de l’épidémie du coronavirus couplée à l’enlèvement du Président du parti URD l’Honorable Soumaila Cissé Chef de file de l’opposition. L’accès aux villages était déplorable, l’insécurité et les pertes de réseau incessantes. D’un point de vue sanitaire ça n’allait pas non plus. Des personnes non méritantes ont pu remporter les élections à cause de tricheries et ce, malgré les plaintes des candidats victimes auprès de la Cour Constitutionnelle dénonçant les fraudes.

Pensez-vous que la  nouvelle Assemblée, la 6eme législature est légitime? Les Nouveaux 147 députés sont-ils les vrais représentants du peuple ?

Certains des 147 députés et l’Assemblée sont tout sauf légitimes, la population et les candidats méritants ont montré de régions en régions que ces élections ont été truquées, elles ne sont pas le résultat d’un vote populaire mais d’un choix interne des candidats qui ont été pré choisis par le biais de rachat de conscience tout simplement. Donc pourquoi mettre en place un système d’élection qui a pour but de laisser la propre population décider de ses gouvernants si l’issue se traduit par de la corruption. Je réponds également non à cette question. Ces élections sont frauduleuses, d’où les manifestations qui ont suivi à Sikasso comme à Kayes et à Bamako dans certaines Communes.

Quel message avez-vous pour le peuple malien ?

Que le peuple garde désormais sa dignité et fait le bon choix, s’il veut que le Mali soit dirigé dans l’honnêteté, la loyauté. Choisir des personnes de bonnes moralités et non des personnes ayant des sacs pleins d’argents car avec ses personnes riches, c’est toujours la même déception. Eviter un départ précipité du Président de la République comme ça se passe  actuellement.

D’ici les prochaines législatives, quels sont vos projets pour le Mali et les habitants de Bafoulabé en particulier?

Mon but étant de m’occuper des femmes faisant des milliers de kilomètres pour chercher de l’eau, atténuer leur souffrance de vie quotidienne, mettre en place des politiques de maraichages, avoir  des bons partenaires afin de mener à bien ces missions et me concentrer sur la jeunesse, la former et donner du travail tout en espérant pouvoir réduire le taux d’immigration clandestine et l’exode rurale vers les zones d’orpaillage  traditionnel.

Votre mot de la fin ?

J’aime mon pays, je continuerai à me battre comme une femme de la nation et de le servir vaille que vaille, que ce soit par voie électorale ou individuellement, surtout pour que les femmes aient une place au sein du monde politique.

Réalisation Dognoume DIARRA

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