Né en 1920 à Bagadadji Bamako, El Hadj Oumar KEITA, s’en est allé le jeudi 19 décembre 2019 à l’âge de 99 ans. Arraché à l’affection de tous, il a été accompagné dans sa dernière demeure au cimetière de Niarela, le vendredi 20 décembre. L’Imam de la mosquée de Bakaribougou, M. Drissa TRAORE a témoigné tout en saluant la sagesse de l’homme au service de sa communauté et de sa patrie. Il a ensuite invité les musulmans à emboiter les pas de ce grand humaniste dans le sens de la paix de l’esprit et des cœurs.
Parcours de El Hadj Oumar KEITA :
En 1927, El Hadj Oumar KEITA fréquenta l’école primaire, « la République » de Bagadadji, puis l’école régionale de Bamako ou il apprit son métier. Appelé à l’âge de 18 ans, à remplir son service militaire obligatoire, il participa en qualité de soldat, aux travaux d’aménagement du barrage de Markala (Badialan) dans la région de Ségou. Il travailla ensuite comme préposé à la poste, avant de passer sur concours, comme agent des postes et télécommunication (PTT). En 1975, il fit valoir ses droits à la retraite. Sa vie professionnelle fut marquée par son savoir-faire, mais aussi son intégrité. En bon père de famille, il enseigna à ses enfants ce que c’est la loyauté suivant sa ligne de conduite.
Déjà en 1946, il fut l’un des pionniers du Rassemblement Démocratique Africain (R.D.A). En 1961, il mit en place le comité U.S-R.D.A de son quartier qu’il nomma Bakaribougou, en reconnaissance à M. Bakary TOURE qui fut le premier habitant à y occuper un champ, un jardin. Le comité USRDA de Bakaribougou dont El Hadj Oumar KEITA fut le premier Secrétaire Général, avec celui de Sotuba et du Quinzambougou voisin, formant ainsi la sous-section de l’Union Soudanaise du Rassemblement Démocratique Africain (US RDA) sous la direction de M. Yacouba MAIGA.
Nationaliste convaincu, feu El Hadj Oumar KEITA fut compté dans le premier rang des marcheurs sur Dakar (Sénégal) lors de l’arrestation du Président Modibo KEITA, des suites de l’éclatement de la fédération du Mali. Il fut également dans le peloton de la marche pour visiter le champ de Moribabougou offert à la patrie par le Président Modibo KEITA. Il s’opposa farouchement aux autorités communales du District de Bamako, avec à leur tête M. Sounkalo COULIBALY, à l’époque Maire du District de Bamako qui envisageait de démolir les habitations de Bakaribougou considéré comme quartier périphérique situé dans la zone dite industrielle. Il fut accompagné dans ce combat par les notables ci-après cités. Maintenu Bakaribougou garda, le nom de son premier occupant, mais fut sciemment bloqué des extensions, et resta enclavé à l’Ouest par l’OTER, au Sud par l’OPAM, voire la SONATAM qui, aujourd’hui ont besoin d’être déplacées pour mieux répondre aux préoccupations qui sont les siennes.
De 1960 à 1967, il mena une vie politique complète, malgré les errements d’une frange de la jeunesse de Bakaribougou qui, au nom de la lutte révolutionnaire tentait de renverser le premier comité US RDA de Bakaribougou. Il continua avec un dévouement exemplaire, à mener ses activités politiques jusqu’en 1968 ou le coup d’état militaire vint suspendre tout toute activité politique, sur toute l’étendue de la république. Généreux et serviable, soucieux du développement de son quartier, El Hadj Oumar KEITA consacra désormais son temps et son énergie au service de la population, notamment dans le domaine socio-économique.
En 1974, El Hadj Oumar KEITA fut, par décision ministérielle, nommé chef de quartier de Bakaribougou, après une minutieuse enquête menée par le Comité militaire nationale (C. M. L.N). Quelques années plus tard Bakaribougou présenta une image sombre avec la présence des personnes de mœurs légères venues d’ailleurs. Au Regarde de cette situation, en sa qualité de Chef de quartier, il prit son bâton de pèlerin et convoqua des réunions pour sensibiliser la population, notamment la jeunesse, qui, avec le concours du Commissaire de Police Alioune DIAMOUTENE, chassa ces personnes de mœurs légers. Bakaribougou retrouva ainsi son lustre antérieur, quartier paisible et tranquille. Avec des conseillers tout aussi dévoués, des mesures d’assainissement du quartier furent arrêtées. Depuis, El Hadj Oumar KEITA ne cessa, lors des grandes rencontres au niveau de la Commune, voire du District, de soulever les questions de sécurité, développement, d’assainissement et de lotissement des quartiers.
Le 25 juillet 2000, une commission chargée des travaux de sortie de voies de Bakaribougou fut en fin mise en place. C’est ainsi qu’en 2003 que Bakaribougou fut loti dans le calme. Une école primaire et un Centre de Santee Communautaire furent construits. Le site de la mosquée avait déjà été identifié par les notables. Toutes ces actions ont été menées sur instruction de Feu El Hadj Oumar KEITA. L’un des plus vieux quartiers du District de Bamako, Bakaribougou fut géré par El Hadj Oumar KEITA durant 46 ans. Il rêvait de l’étendre, notamment dans sa partie nord logeant les rails de Koulikoro, lorsque contre toute attente ce site fut attribué au quartier Hippodrome. Patriote rompu à la tâche, El Hadj Oumar KEITA n’était pas tenté par les titres honorifiques. Il œuvra naturellement aux fonctions d’assesseur a la Cour d’Appel, et sans relâche jusqu’à sa mort. Cela par amour de la patrie sans demander une quelconque contrepartie, fut-elle une médaille. Soucieux du bien-être de sa population selon des témoignages oculaires, El Hadj Oumar KEITA était toujours au premier plan quand il s’agissait des campagnes de vaccination et recensement des populations ; de la mobilisation des masses lors des fêtes nationales d’indépendance.
Liste de quelques hommes et femmes collaborateurs de feu El Hadj Oumar KEITA:
Yacouba TRAORE, Balla KANTE, Mamadou DEMBELE, Seydou DIARRA, Abdoulaye TRAORE, Bakary COULIBALY, Sekou KONE, Bakary TRAORE, Mama DEMBELE, Bougouzie DEMBELE dit Gaoussou, Yaya TRAORE, Fotigui SINAGNOKO, Tiemoko TRAORE, Boudie BAMBA, Oumar SINAGNOKO, Garba KASSAMBARA, Oumar BAMBA, Madame Nah CISSE, Madame Ba Minata DOUCOURE, Madame Assa KEBE, Madame Fatoumata FANE dite Noumoumousso et Madame Fanta KONE.
Dors en paix El Hadj Oumar KEITA, fidèle militant de l’US-RDA.
Dognoume DIARRA