Depuis quelques temps une majorité écrasante des maliens, même des africains estime que la France est au cœur de tous les problèmes qui suffoquent le Mali. Ce qui explique la forte tension entre Bamako et Paris ces derniers temps. À lire un jeune cadre malien, il serait arbitraire de jeter toute la culpabilité sur la France seule. Lisez son analyse!
À en croire le jeune cadre, la France n’est pas blanche comme neige. Loin de là, il estime la responsabilité du problème malien est à plusieurs niveaux. » Nous avons tous notre responsabilité dans la dégradation de cette relation franco-malienne que nous décrions aujourd’hui. Le monde est multipolaire et nous aurons dû en profiter bien avant d’en arriver là, mais ceci n’est pas un problème, car il n’est jamais trop tard pour bien faire. Nous devons sortir des invectives et arrêter de nous glorifier avec le passé, certes nous devons souvent y jeter un coup d’œil pour ne pas nous perdre, mais le dynamisme de ce monde ferait que certaines pratiques des années 1960 ou 1991 seraient caduques aujourd’hui. Le fait d’accuser la France ad vitam æternam ne nous amènera nulle part, nous avons d’autres priorités.
Le problème est connu et nous avons tenu assez de discours pour mettre en exergue les points pour lesquels nous sommes antimoniques. Mais cette dénonciation ne peut pas être un subterfuge pour nous disculper des problèmes auxquels nous devons faire face. Vous convenez avec moi que la France, dénoncée par tous, n’est pas à l’origine de la dégradation de nos mœurs. Elle n’est pas à l’origine de la dégradation de nos valeurs sociétales, elle n’est pas à l’origine de la dégradation de nos structures sanitaires, elle n’est pas à l’origine des déperditions qui sont relevées dans les différents rapports des structures de contrôle.
Nous avons des valeurs et des principes qui sont basés sur notre modèle de société, pourquoi ils ont été foulés au pied ?
Parce que nous n’avons plus peur du vol, nous n’avons plus l’amour de la patrie, nous avons pris goût à la cupidité, nous prions sans avoir réellement la religion dans nos cœurs, nous avons abandonné l’éducation. Aujourd’hui, nous avons un autre ennemi coriace, il s’agit du self, de toi, de lui, de moi et de tous les maliens, nous devons travailler sur nous-mêmes. Nous avons les textes, les structures, les organisations, les institutions et les entités qu’il nous faut, mais pourquoi autant de plaintes et de disfonctionnements au sein de nos institutions ? Il est plus que jamais nécessaire que l’esprit du Malien soit complètement refondé au risque de perdre notre identité », martèle le jeune cadre.
Pour finir, il regrette que tout le monde parle du changement, en oubliant que le véritable changement commence par soi-même. » Imaginez cette fomentation où un chef de famille emprunte un sens interdit pour ne pas faire un long détour. Quelle leçon de civisme donnera-t-il a ses enfants ? Des chauffeurs de Sotrama et de Taxi qui transcendent les préceptes de la circulation en longueur de journée. Je ne pense pas que tout ceux-ci soient du ressort de la France. Ce pays, le Mali ne se fera pas sans nous, nous (le malien lambda) devons prendre conscience et nous remettre en cause afin d’amorcer le chantier du changement et faire face à nos problèmes internes. Nous avons des priorités, faisons-y face ».
La Rédaction