LUTTE CONTRE LA CORRUPTION AU MALI : La déclaration des biens et patrimoines, un indicateur mis à mal en 2023

Sene Kunafoni

La lutte contre la pauvreté et la promotion de la bonne gouvernance représentent deux des objectifs principaux des gouvernements actuels. Loin d’être de simples slogans, ces principes devraient se traduire concrètement dans les faits, témoignant de la sincérité et de l’engagement des acteurs en place.
Cependant, un indicateur permettant d’évaluer la transparence et la responsabilité des leaders est la déclaration de leurs biens et patrimoines. Au Mali, une analyse approfondie des données disponibles révèle une tendance inquiétante. En effet, en 2020, le pays avait enregistré un total de 256 déclarations de biens par des responsables et agents publics. Ce chiffre a subi une baisse notable l’année suivante, avec seulement 116 déclarations en 2021. Le déclin s’est accentué avec 60 déclarations en 2022, pour atteindre un nombre alarmant de 28 en 2023. Le nombre de déclarations de patrimoine effectuées en 2023 est donc presque dix fois inférieur à celui de 2020. Ces chiffres interrogent : comment interpréter cette diminution significative ? Est-ce le signe d’une gouvernance moins transparente et moins responsable ?
Les déclarations de biens sont importantes pour évaluer l’intégrité et la crédibilité des acteurs publics. Une diminution de ces déclarations pourrait être soit un relâchement dans la lutte contre la corruption, ou pire, une augmentation de pratiques opaques au sein du gouvernement et des institutions publiques. Il est donc légitime de s’interroger sur la culture de la bonne gouvernance proclamée par les responsables maliens. Les citoyens et les organismes de surveillance doivent exiger des comptes, requérant de la clarté et de la transparence de la part des leaders du pays.
L’observation des chiffres invite à la vigilance et à la réflexion. La sincérité des acteurs se mesure à leurs actes, et il appartient désormais à chacun d’évaluer, de juger et de réagir face à la situation actuelle de la gouvernance au Mali.

Étienne Fakaba Sissoko, Économiste

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