Le Djihadisme- Terrorisme au Mali: tentative d’une approche socio-culturelle d’un phénomène historique dans la région

Sene Kunafoni

« Amadou amadou, Boubou Ardo, Sekou Amadou, Sekou Koroba ou le « grand Sekou », Cheick Oumar Tall, Cheick Tidiane, Batou Dembélé, Da Monzon Diarra, Bina Ali Diarra Tata Diarra (Wetala)…… voilà quelques noms parmi tant d’autres qui marquent « l’épopée » ainsi que les chansons de « geste » des régions du centre (Segou – Mopti) depuis des générations… Ces noms sont cités dans les hauts faits héroïques et décorent toute une légende et le mythe des communautés.

Sans tomber dans les dérives comparatives qui poussent l’esprit étroit au raccourci, il me semble pertinent de comprendre le phénomène actuel dénommé « djihadisme et terrorisme » dans un contexte diachronique (historique) pour comprendre sa dimension profondément complexe mais synchronique (actuelle).

Aujourd’hui, le conflit ou du moins la situation d’insécurité est largement analysée dans le miroir moderne, c’est-à-dire occidental, à tel point que nous avons tendance à noyer tout le problème dans une dimension globale pour trouver la solution internationale à notre problème national.

Très peu d’analystes se livrent aujourd’hui à regarder le problème du « grand centre (Ségou et Mopti) » et même une « grande partie du nord du Mali » dans un rétroviseur historico-géographique ou territorial qui existe depuis toujours.

Du coup, en suivant de près cette piste, les épopées racontées par les griots (historiens -troubadours) nous livrent d’énormes réponses aux questions mais aussi de réelles solutions dont la plupart repose sur la « médiation culturelle » surtout. Cependant, au lieu de creuser cette réflexion, bon nombres d’experts, d’intellectuels et de politiques s’accrochent malheureusement à une et une seule solution: L’ARMÉE !

Il me semble qu’un problème peut se résoudre par plusieurs solutions, mais jamais par une mauvaise solution sinon il s’agit de repousser le problème et d’aggraver la situation: ceci explique le cas malien, qui doit être regardé de près sous un autre angle que militaire et budgétivore….

Qu’ils soient peulhs, dogonons, chasseurs ou auto-défenseurs, il y a eu depuis toujours des conflits ethnico-territoriaux dans ces régions; et depuis toujours les « sages et les griots et autres hommes de caste » se sont mobilisés pour apaiser et apporter une solution du moment.

Malheureusement tel n’est pas le cas aujourd’hui: on déploie partout les militaires avec les armes dans un territoire abandonné par l’Etat (je parle des services sociaux de base), gangréné par la corruption et l’injustice depuis des années. La défaite est assurée d’avance et l’humiliation et la déception se renforcent de plus en plus par le désordre.

D’un côté les populations se sentent oubliées et abandonnées, de l’autre côté le gouvernement joue à la politique de l’autruche croyant « gagner du temps », enfin la communauté internationale qui trouve son compte dans un conflit justifiant sa présence au chevet « d’un État à Grand Corps Malade cadavérisant ». L’essentiel est peut-être de puiser dans notre propre énergie, notre histoire et nos hommes, le mieux serait de réviser nos leçons d’Histoire pour comprendre les conflits actuels qui ne sont pas actuels. Et comprendre également que les solutions actuelles ne sont pas les bonnes….

Je l’ai dit et je répète encore: « La vraie guerre au Mali est la guerre des ventres, et la solution est entre la médiation culturelle et une vraie résolution économique. Lutter contre le terrorisme dans un pays où les populations ont faim, où l’Etat est un squelettique à cause de la corruption et l’injustice, c’est soigner un cadavre par des vitamines ».

 Pr. Clément DEMBELE

« POUR LA RÉVOLUTION DES CONSCIENCES »

 

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