Édito : Drôle de train

Sene Kunafoni

Depuis l’avènement de la transition au Mali, l’espoir a fleuri à Kayes avec l’arrivée tant attendue du train. Surnommé par certains avec un brin d’ironie « Soundiata », ce train symbolise à la fois une promesse de développement et un rappel des défis persistants.
Lors de sa reprise, le train a suscité des espoirs bien légitimes parmi les habitants de Kayes, région éloignée où chaque kilomètre compte. Avec l’état précaire de la route Bamako-Kayes, le train semblait être la bouée de sauvetage attendue, une alternative bienvenue aux routes cahoteuses et imprévisibles.
Cependant, ces espoirs ont rapidement rencontré des obstacles. Le déraillement fatal a plongé le train dans un silence prolongé, laissant les voyageurs et les commerçants dans l’incertitude. Depuis lors, c’est le mutisme qui prévaut, alimentant davantage le doute quant à l’efficacité des initiatives prises par la transition en matière de transport ferroviaire.
Ce qui devait être un symbole de progrès semble maintenant hésiter sur ses rails, dans une série de faux départs et d’essais interminables. Chaque annonce de reprise est suivie d’une nouvelle déception, et beaucoup se demandent : ce train, n’est-ce pas un drôle de train ? Certes, le nom « Soundiata » évoque la grandeur d’un empereur légendaire, mais il semble que ce train peine à retrouver sa vitesse de croisière. Les habitants de Kayes et au-delà attendent avec impatience que le bruit des rails annonce enfin une reprise durable.
Il est impératif de rompre ce silence radio, de communiquer clairement et régulièrement sur l’état et l’avenir de ce train vital. Car tant que le train ne roule pas, les espoirs de ceux qui dépendent de lui resteront suspendus, comme un wagon sur une voie ferrée en attente de sa destination.
Dans l’attente de jours meilleurs pour le « Soundiata », ce drôle de train qui incarne à la fois l’espoir et la frustration, rappelons-nous que chaque voyage commence par un premier pas, ou plutôt par un premier roulement de roues.
La voie est là, reste à retrouver la voix pour la faire entendre.
Abdourahmane Doucouré

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *