Selon le Bureau International du Travail (BIT), le dernier statistique de l’UNICEF indique qu’il y’a 160 millions d’enfants en situation de travail dans le monde. Au Mali, il en existe près de 3 millions, si l’on devrait se conformer aux chiffres disponibles, bien évidement. La plus part de ces millions d’enfants maliens, sont exploités dans les sites d’Orpaillage Traditionnel; les champs ; les ménages ; la prostitution… Mieux, plusieurs d’entre eux sont dans la mendicité. Toute chose qui, conformément aux conventions internationales (OIT, UE, Charte Africaine, Plan Gov), porte atteinte aux droits fondamentaux de l’enfant (épanouissement, santé, éducation)…
La mendicité impliquant les enfants, est faite sous diverses formes au Mali, à savoir : l’exhibition des jumeaux (le plus souvent, il ne s’agit pas de jumeaux en réalité. Selon des sources concordantes, les pratiquants de la mendicité s’arrangent pour juste trouver des enfants misérables qui ont a peu près la même taille. S’ils se ressemblent, tant mieux). À cela s’ajoute les enfants talibés dont la plus part sont des déserteurs. Sans oublié les enfants de la rue (parmi lesquels, il y a ceux qui ont fui leur maison pour raison de violence et d’autres à cause de la précarité…). Il y a également les personnes âgés qui pour la plus part, n’ont personnes pour subvenir à leurs besoins élémentaires.
Comme l’en témoigne JOFA ACTE, un consortium de 6 ONGs ( Educo, Save the Children, World Vision, Plan International, SOS Children’s Villages et Terres des Hommes), le travail des enfants et pires formes du travail des enfants est un fléau qui gangrène sérieusement l’éducation des enfants de moins de 18 ans.
Nous avons pris le soin de nous intéressé au cas de trois jeunes mendiants qui fréquentent régulièrement Koulouba Plateau. Selon eux, leur maître coranique, M. Aboubacar réside au Point-G, un quartier de la Commune III du District de Bamako. Il s’agit de : Amadou, près de 11 ans; Balla âgé de 13 ans et Bamoussa près de 14 ans, tous natif de Djondiori, un village non loin de Sévaré.
Il était 22h 40, et les trois mineurs avaient d’ores et déjà pris positions pour s’en dormir devant un salon de coiffure. En effet, c’est bien évidemment sur la terrasse dudit salon de coiffure qu’ils passent la nuit en attendant d’être renvoyer, comme c’est le cas assez souvent.
Selon Amadou, le plus jeune et également le seul qui a voulu parler de leur parcours au quotidien, ils sont encadrés par un Maître Coranique du nom de M. Boubacar, résidant au quartier du Point-G, derrière l’hôpital. Selon sa version, il fut remis au dudit maître Coranique depuis son tendre enfance, tout comme ses deux aînés Balla et Bamoussa.
En réponse à la question pourquoi ils sont dans la mendicité, Amadou affirme que c’est à cause du manque de moyen de leur Maître qui a plusieurs autres enfants à sa charge dans le cadre de la formation coranique. À l’en croire, ils sont nombreux à être encadré par M. Boubacar. Ce dernier étant confronté à un manque crucial de moyen pour les nourrir tous et leur permettre de bien dormir, ordonne à chacun d’aller chercher de quoi subvenir à ses besoins.
Telle serait la raison pour laquelle Amadou et ses compagnons sortaient après chaque cours coranique pour aller tenter leurs chance auprès des personnes sensibles à leur situation. Malheureusement, par la suite, ils ont fini par déserté de chez le Maître pour élire domicile devant le salon qui leur sert de logement depuis…
Toujours selon notre jeune interlocuteur, chaque matin, à partir de 7 heures avant l’arrivée des travailleurs du salon, ils se dirigent vers le centre-ville (service) pour quémander puis reviennent au salon vers 22h. Au cas où le salon n’est pas fermer à leur retour, ils rodent dans les parages en attendant.
Ayant tenté d’évaluer leurs niveau d’études coranique, nous avons été désagréablement surpris de constater qu’ils ne savent pratiquement pas grande chose. Pour en savoir plus, nous avons fixer une deuxième rencontre au cours de laquelle, ils devraient nous emmener chez leur Maître Boubacar. Mais hélas, ils ont complètement abandonné la devanture du salon. Serait-ce par peur de retourner chez leur Maître ? Ledit Maître existe-t-il réellement ?…, nous ne saurions le confirmer.
Cependant, quand nous sommes parti à la recherche du Maître coranique au Point-G, nos tentatives de le retrouver ont été toutes vaines. Personnes ne semblait le connaître.
Causes et conséquences de la mendicité, propositions de solutions idoines pour garantir un avenir radieux aux enfants victimes.
Face à ce fléau de la mendicité des enfants, une forme d’exploitation enfantine, nous avons également pris contact avec M. Ibrahima Samba Dicko dit Bara, il est le Président Fondateur de l’Association pour la Réinsertion des Élèves de l’Enseignement Coranique (APREEC). Il aborde la question de manière très responsable, sans aucun tabou en indiquant les causes, les conséquences et les pistes de propositions idoines pour garantir un avenir radieux aux enfants talibés.
Selon M. Dicko, la mendicité n’a rien avoir avec l’islam. « L’historique de mendicité des enfants d’écoles coraniques est toute récente. À la base ça été initiée par Cheick Amadou pour permettre aux Maîtres coraniques d’être soutenus par les familles voisines dans leurs villages respectifs et c’était bien réglementée. L’honnêteté des Maîtres coraniques ne leur permettait pas d’exploiter les enfants pour des fins économiques. Les enfants étaient bien encadrés et ont les renvoyaient dignement dans leurs familles respectives. J’en suis un exemple concret en tant qu’ancien Talibé », affirme-t-il.
Il réitère que les causes de la mendicité des enfants sont énormes de nos jours. Parmi ces causes , il cite entre autres : le non-respect par les maîtres coraniques, des engagements traditionnels, des lois institutionnelles du pays à cause de la cupidité; le non-respect par l’état, de certains engagements vis-à-vis des droits des enfants et la non application des mesures internationales et nationales contre la pratique du travail des enfants sous toutes ses formes; Aussi et surtout la pauvreté.
M. Dicko estime que le fléau à des conséquences énormes et incommensurables sur le pays sur le plan sécuritaire, socio-économique, éducatif et communautaire. À l’en croire les enfants talibés qui désertent leurs maîtres sont en proie à la drogue, au terrorisme, au banditisme, à l’escroquerie etc…
Les solutions idoines proposées par le président de l’APREEC sont entre autres les suivantes :
conformément aux conventions internationales ratifiées, l’Etat doit respecter ses engagements de protection des enfants et faire de l’enfant le socle de la société; Améliorer les conditions de vie des parents d’élèves afin qu’ils aient le courage de les envoyer à l’école ou dans un enseignement coranique bien encadré au lieu de les envoyer chez des inconnus en les exposants à tous les dangers; Sensibiliser les maîtres coraniques sur les droits de l’enfant ; Que l’état s’implique davantage pour la scolarisation de tous les enfants et la réinsertion socioéducative des enfants talibés afin que ces derniers ne soient pas de potentiels candidats au terrorisme.
Dognoume Diarra