SOUMAILA CISSÉ: « Quand je discutais avec mes ravisseurs, je remarquais la pauvreté et l’échec social »

Sene Kunafoni

Soumaila Cissé revient de ses quotidiens durant son rapt : « J’ai dû me déplacer dans vingt sites différents au cours de ma captivité. J’ai voyagé en moto, en pirogue, à dos de chameau… Au fil du temps, je traversais des zones boisées, d’autres désertiques puis herbacées. Je commençais alors à me dire qu’il y a des otages qui le restent plus de trois ans. Je vivais aux trois quarts du temps sous les arbres. Il y a les insectes qui se faufilent dans vos vêtements, les averses qui vous surprennent à deux heures du matin…

L’alimentation est quasiment la même du premier aux derniers jours. Des spaghettis, des macaronis, du riz, et du pain qu’ils font. Des plats que l’on partage tous ensemble. Ce n’est clairement pas le grand confort, encore moins le paradis. Il n’y a pas d’abris, pas de contacts sociaux, pas de médicaments ». Parlant de ses ravisseurs,  Soumaila Cissé ajoute : « Ils ne se sont pas cachés.

– Bien que son enlèvement n’ait pas été revendiqué, M Cissé pointe le doigt sur l’échec social qui relève à la mauvaise gouvernance

« C’était le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim). Leurs chefs sont connus, Iyad Ag-Ghali et Amadou Koufa. Je ne les ai  pas rencontrés pour autant. Je discutais avec mes ravisseurs lorsque j’étais dans le centre du pays, alors que je suis resté bien plus isolé lorsque j’ai été transféré au Nord. Lors de ces discussions, je remarquais la pauvreté, l’échec social. Certains m’ont confié avoir vécu à Bamako, d’autres en Côte d’Ivoire ou au Ghana. Ils avaient tous entre 20 et 30 ans et avaient une connaissance fine du Coran. On leur avait mis dans leur tête que s’ils connaissent le livre sacré, ils seraient au dessus de tout.

-Inquiétude de certains par rapport aux conditions de sa libération, le Chef de file l’opposition s’insurge et s’en justifie

: »Ce qu’ils ont négocié, comment, pourquoi : je l’ignore. Inutile de me demander si les gens doivent s’inquiéter de cette relaxe. Un jour, un djihadiste m’a lui-même demandé s’il était judicieux de me relâcher. Car dans l’éventualité où je devienne Président, je me mettrais à mon tour à collaborer avec les Français pour aller les bombarder « .

Yacouba COULIBALY avec le Monde Afrique(Extrait)

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