JOURNEE INTERNATIONALE DE LUTTE CONTRE L’IMPUNITE DES CRIMES COMMIS CONTRE LES JOURNALISTES : Des journalistes et des patrons de faitières se prononcent.

Sene Kunafoni

Depuis décembre 2013, à la 68ème Session de l’Assemblée Ordinaire des Nations Unies, la date du 02 novembre a été déclarée « Journée Internationale de Lutte Contre l’Impunité des Crimes Commis contre des Journalistes ». Cela en hommage aux journalistes français de la Radio France Internationale Ghislaine Dupond et Claude Verlan, sauvagement assassinés au Mali près de Kidal, le 02 novembre 2013. Dix ans après la proclamation de cette journée internationale, quelles sont les avancées, les difficultés auxquelles elle est confrontée au Mali ?

Lisez plutôt quelques avis de nos confrères journalistes et responsables de faitières :

Bandjougou Danté, Président de la Maison de la Presse du Mali :
1. Cette journée est un moment de souvenir, de bilan, de prise de conscience et de projection vers l’avenir. C’est aussi une journée de dénonciation et d’interpellation des pouvoirs publics et des organisations internationales sur la nécessite de protéger les journalistes dans l’exercice de leur métier.
2. Cette journée est confrontée à sa méconnaissance par des journalistes et l’indifférence de nombreux pouvoirs publics et même des organisations de défense des droits de l’homme.
3. Son respect au Mali s’explique par plusieurs facteurs. D’abord c’est au Mali que l’événement tragique qui a suscité la proclamation de cette journée s’est déroulée. Ensuite, le pays a adhéré aux différentes décisions de célébration décrétées par les nations unies.

Ousmane Dao, Directeur de Publication du journal Midi-Info, Président de l’Association des Éditeurs de la Presse Privée (ASSEP) :
1- Cette journée est avant tout une symbolique. Elle offre l’occasion de faire le point de la situation de l’impunité des crimes contre les journalistes et de réajuster la lutte. Elle met en évidence tous les risques du métier de journaliste et le sacerdoce des professionnels de l’information pour un monde éclairé.
2- Les difficultés sont multiples et énormes. Il y a lieu de prendre des mesures légales pour mieux protéger les journalistes dans l’exercice de leur métier aux implications souvent extrêmes. Pour ce faire, les acteurs du métier doivent se situer au premier plan du combat en identifiant clairement les défis et s’organiser pour les relever. La formation et le respect de l’éthique et la déontologie s’avèrent impérieux à titre préventif. Il faut promouvoir le professionnalisme etc…
3- De 2013 à aujourd’hui, le Mali a été secoué par plusieurs événements malheureusement. Des journalistes malmenés, disparus…Des dossiers sont toujours en cours au niveau de la justice. Les dénouements sont attendus. C’est à suivre…
La journée internationale de lutte contre l’impunité des crimes contre les journalistes se tient chaque 02 nombre depuis 2013. Pour cette année les thèmes retenus sont:  » violence exercée contre les journalistes; l’intégrité des processus électoraux et le rôle du leadership public »

Aguibou Bouaré, Président du CNDH :

1 – La commémoration de cette journée internationale est l’occasion d’attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur d’une part les menaces pesant sur les journalistes, d’autre part sur l’importance de les laisser exercer leur profession en toute liberté et indépendance, conformément à la réglementation.
Aucune agression, atteinte à l’intégrité physique ou à la vie d’un journaliste ne devrait rester impunie.
C’est dire à quel point les libertés d’expression, de presse, d’opinion sont importantes dans un Etat démocratique.
Il est important que les journalistes eux-mêmes prennent conscience de leur utilité et arrêtent de s’entre-déchirer pour des intérêts inavouables au détriment de la profession.

2 – Les libertés de presse, d’expression, d’opinion sont généralement menacées en période de crise. Les journalistes sont exposés à beaucoup de risques (menaces, intimidation, enlèvements, disparition forcée…) pendant les périodes d’exception. Les organisations de défense des droits humains, notamment les faîtières de la presse doivent redoubler de vigilance pour protéger leur corporation et lutter contre l’impunité des attaques subies par les journalistes.
Malheureusement, certains journalistes, dans la grâce du prince du jour, se croient à l’abri des violations et abus des droits humains.

3 – Que pensez-vous de son respect au Mali de 2013 à aujourd’hui ?
Chaque régime a connu son lot d’atteintes à la liberté de presse voire d’attaques ou d’agression contre les journalistes.
Les atteintes à la liberté d’expression se multiplient souvent sous les régimes d’exception.
Nous avons toujours dénoncé et condamné, sous tous les régimes, les violations et abus des droits humains en général et les atteintes aux libertés d’opinion, d’expression, de presse en particulier.
Ensemble, défendons les droits humains, j’allais dire nos droits.
Nul n’est à l’abri de la violation de ses droits.
La protection des droits de l’Homme est une responsabilité partagée !

Étienne Fakaba Sissoko, Économiste:
1 – Avantages de la Journée internationale de lutte contre l’impunité des crimes contre les journalistes :
La Journée internationale de lutte contre l’impunité des crimes contre les journalistes sert plusieurs objectifs importants. Elle sensibilise le public et les gouvernements à l’importance de protéger les journalistes, qui jouent un rôle crucial dans le maintien de la transparence et de la démocratie. En mettant en lumière les cas d’attaques et de violences contre les journalistes, cette journée contribue à créer une pression internationale pour que justice soit faite. De plus, elle offre une plateforme pour discuter et promouvoir des mesures de protection et de prévention efficaces. Enfin, elle rend hommage aux journalistes qui ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions, reconnaissant ainsi leur contribution essentielle à la société.

2 – Difficultés auxquelles la journée est encore confrontée :

Malgré son importance, cette journée internationale fait face à plusieurs défis. Dans de nombreux pays, il existe toujours un manque de volonté politique pour poursuivre et punir les auteurs de crimes contre les journalistes. L’impunité persiste, et dans certains cas, les gouvernements sont eux-mêmes impliqués dans les attaques contre les journalistes. De plus, dans de nombreuses régions, les journalistes travaillent dans un climat de peur et d’intimidation, et les mécanismes de protection sont insuffisants ou inexistants. Enfin, il y a un besoin constant de sensibilisation et de formation, tant pour les journalistes eux-mêmes que pour les autorités, afin de mieux comprendre et respecter la liberté de la presse et la protection des journalistes.

3 – Respect au Mali de 2013 à aujourd’hui :

Depuis 2013, le Mali a connu des périodes d’instabilité et de violence, impactant la situation des journalistes dans le pays. Malgré certains efforts du gouvernement et de la société civile pour améliorer la protection des journalistes, des cas d’attaques, d’intimidations et de harcèlements ont été signalés. Il est crucial que le gouvernement malien continue de renforcer les mécanismes de protection des journalistes et de promouvoir la liberté de la presse. La mise en œuvre effective des lois existantes et la création de conditions propices au travail sécurisé des journalistes sont essentielles pour garantir le respect de leurs droits et de leur intégrité professionnelle. Il est également important de poursuivre les auteurs de crimes contre les journalistes afin de mettre fin à l’impunité et de promouvoir un environnement sécurisé pour la presse au Mali.

Mohamed Dagnoko, VOA Afrique, Medi1 :
1- C’est une journée qui vient nous rappeler à tous combien il est important de protéger le journaliste dans l’exercice de ses fonctions. Fonction qui lui permet d’être utile à sa société, à la démocratie et donc au vivre ensemble.
2- Le journalisme, aujourd’hui comme hier fait face à des difficultés en ce que son objectif qui est donner la bonne information n’est pas du goût de tous. Ainsi dit, il n’y a pas de journalisme sans difficultés, sans défis, sans obstacles. Ceci dit, ces obstacles ne doivent pas est frein à l’exercice du métier qui est un sacerdoce. Une mission noble que le journaliste a librement choisi d’exercer dans le respect de l’éthique et de la déontologie du métier.
3- Les crises sont des moments par excellence de fausses informations. Le Mali, depuis plus de 10 ans traverse une grave crise multidimensionnelle. Entre difficultés à se rendre dans certaines parties du pays, enlèvements, menaces et intimidations le journaliste malien vit des moments assez compliqués. Ainsi, à défaut d’une protection garantie par les autorités, il revient au journaliste lui-même de moins s’exposer en ayant de la mesure dans le traitement des sujets susceptibles de lui attirer des ennuis. Les rédactions et les faîtières doivent aussi aider en s’érigeant en bouclier de protection des journalistes en ces périodes critiques.

Lamine Siby, Journaliste Radio RFM :
Mes remerciements au journal Le Confident pour avoir voulu en sa manière rehausser l’amplitude de cette journée consacrée aux difficultés dont sont confrontés les journalistes. À mon avis cette journée a toute sa place dans ces moments tumultueux que traverse le monde avec des crises dont les amplitudes ne font qu’augmenter en traversant les frontières. Cette journée permettra de rappeler aux décideurs (politiques, économiques…) le rôle de la presse dans sa globalité dans cette traversée du désert car étant le vecteur de régulation, d’information et de communication permettant d’apporter la stabilité dans le monde. Les difficultés auxquelles les journalistes sont confrontés sont énormes et complexes.
Me référant au chiffre assorti du conflit Palestine-Israël par l’organisation non gouvernementale « Reporters Sans Frontières » 34 journalistes tués durant ce conflit dont 12 dans l’exercice de leurs activités. Sans mentionner de nombreux emprisonnements, enlèvements et autres sors subis par les journalistes à travers le monde.
Quant au cas spécifique du Mali, de 2013 à nos jours nous pouvons noter un recul net de l’activité du journaliste sur le terrain dû à la situation sécuritaire. Ceux exerçant dans les zones affectées par la crise sécuritaire sont exposés plus que jamais à des enlèvements, des menaces. Ceux qui n’exercent pas dans les zones à conflits sont souvent menacés, rendus au silence ou l’autocensure face à une opinion dirigée vers un système proche de ‘’la pensée à sens unique » ou des pressions exercées par les faîtières, ou organismes de régulation de la communication au Mali.

Réalisation Dognoume Diarra

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Next Post

DEPART ANTICIPE DE LA MINUSMA DE KIDAL : Lisez ce qu’en pense certains de nos lecteurs

Suite au départ anticipé de la MINUSMA de Kidal, nous avons jugé nécessaire de tendre la plume a certains de nos lecteurs pour avoir leurs réactions. Gaoussou Dembélé, enseignant : C’est quand même inquiétant et très risqué pour la population de Kidal et environnant qui a surtout besoin de l’assistance […]