TRANSITION : Le président de la CNDH-Mali invite les maliens à se retrouver en famille 

Sene Kunafoni

« Maintenant, il est temps que les maliens se retrouvent et en famille qu’il ait des concertations nationales, si vous voulez une conférence nationale pour que chacun, en fonction de ses compétences et de ses capacités, contribue à l’édification du nouveau Mali que nous espérons tous de tout notre cœur ». Ces propos sont du Président de la Commission nationale des Droit de l’homme (CNDH-Mali), Aguibou Bouaré, qui nous a accordé un entretien exclusif pour évoquer la situation particulière que vit le Mali.  a bien voulu nous accorder une interview dans laquelle il aborde le mandat de son institution de défense des droits de l’homme, avant, pendant et après les tristes évènements qui ont conduit à la démission du Président de la République Ibrahim Boubacar Keita. Il a profité pour inviter tous les maliens à se retrouver en famille : « Maintenant, il est temps que les maliens se retrouvent et en famille qu’il ait des concertations nationales, si vous voulez une conférence nationale pour que chacun, en fonction de ses compétences et de ses capacités, contribue à l’édification du nouveau Mali que nous espérons tous de tout notre cœur ». Nous vous proposons l’intégralité de cet entretien ! La situation sociopolitique du Mali.

 

Le Flambeau : Depuis quelques semaines, le Mali connaît une crise politique qui a débouché sur une intervention de l’armée. Les Droits de l’homme ont-ils été préservés ou au contraire menacés ?

Aguibou Bouaré : La situation des droits de l’homme dans notre pays est très préoccupante, dans la mesure où le pays traversait déjà une crise sociopolitique depuis une dizaine d’années. Cette crise s’est doublée de la crise sociopolitique qui ne s’est pas, à présent, dénouée et dont  les derniers évènements en date remontent à la démission que d’aucuns qualifieraient de forcée du Président de la République.

Nous avons toujours alerté en disant que les troubles sont toujours porteurs de graves violations des droits de l’homme. Donc, le chaos peut constituer un terreau favorable aux violations graves des droits de l’homme. C’est pourquoi, la CNDH n’a jamais manqué de tirer la sonnette d’alarme en invitant les autorités à respecter les droits fondamentaux des populations à manifester pacifiquement, mais également demander à la population d’exercer leurs droits et les libertés publiques dans le respect des textes de façon pacifique. Nous estimons que la situation ne s’est pas arrangée ; des préoccupations demeurent. Sur le plan du respect des droits de l’homme, nous devons redoubler de vigilance pour.

Il faut le rappeler, nous sommes une institution nationale des droits de l’homme, et, en même temps, le Mécanisme national de prévention contre la torture. A ce titre, nous avons la lourde charge de veiller à la protection et à la promotion des droits de l’homme et à la prévention des tortures au Mali. Malheureusement, la situation ne s’est pas stabilisée comme on le souhaite à présent.

Le Flambeau : Visite aux personnalités qui étaient détenues à Kati. Avez-vous pu rencontrer les personnalités privées de liberté à Kati, depuis le coup de force du 18 Août ?

  1. B : De par notre proactivité et notre spontanéité dans le travail, dès le lendemain de l’interpellation des personnalités publiques, précisément le 19 août, nous nous sommes transportés à Kati pour exercer une visite inopinée aux personnalités qui ont été privées de leurs libertés. Ce jour, malgré l’accueil courtois, nous n’avons pas pu accéder à ces personnalités. Mais, on nous a promis et pris l’engagement de nous rappeler pour s’nous acquitter de notre mandat. C’est ce qui s’est passé, hier (Ndlr jeudi), le 27 août. On nous a demandé de venir pour nous acquitter de notre mandat légal. Dans un premier temps, nous avons rencontré le président du Comité national pour le salut public. On lui a expliqué le mandat de la CNDH ; le statut juridique de la CNDH et on lui a dit également que les Droits de l’homme n’ont pas de colorations ; les Droits de l’homme ne tiennent pas compte de l’uniforme ou du caractère civil de la personne humaine. Les Droits de l’homme concernent toutes les personnes humaines quelles que soient leurs colorations, quelles que soient leurs corporations. Nous avons eu droit à une écoute attentive. C’est après cet entretien d’une trentaine de minutes, que nous nous sommes déployés sur le terrain. Nous avons eu droit eu accès accéder à toutes les personnalités civiles et militaires qui étaient privées de leurs libertés à Kati. Après cette visite de Kati, on nous a même amené chez l’ancien Chef de l’Etat, puisqu’il a démissionné, et tout le monde a pris acte de cette démission finalement. Nous lui avons rendu visite pour nous enquérir de son état et des conditions dans lesquelles sa privation de libertés se sont passées. À tous les niveaux, en tout cas, les personnes privées de libertés n’ont pas manifesté de plaintes particulières. Elles n’auraient pas subi de sévices corporels, d’atteintes à l’intégrité physiques, encore moins de tortures. Donc, ce sont des choses qui nous ont rassurés sur eux. Nous avons pris note, même s’il y a certaines violations qu’on a constaté, notamment le droit à l’information, car priver de l’information à un certain niveau.

Sur le nombre, je pense, en plus du Premier ministre et du Président de l’Assemblée nationale, il y a une dizaine de personnalités militaires auxquelles nous avons eu accès.

Le Flambeau : Les défis majeurs, ce sont d’abord les défis sécuritaires, parce qu’il ne faut imaginer que le Mali se résume à Bamako. Il y a les autres parties du territoire où nous assistons régulièrement à des violations et à des abus graves des Droits de l’homme.

Quels sont, selon vous, les grands chantiers de la transition qui se dessine au Mali ?

 

A B : Les défis majeurs, ce sont d’abord les défis sécuritaires, parce qu’il ne faut pas imaginer que le Mali se résume à Bamako. Il y a, les autres parties du territoire où nous assistons régulièrement à des violations et à des abus graves des Droits de l’homme.

Le défi sécuritaire nous semble le défi majeur. En plus de cela, il faut s’attaquer au défi de la refondation de l’Etat, parce que tout le monde reconnait aujourd’hui que nos institutions, la Loi fondamentale méritent une relecture pour corriger les insuffisances et permettre au pays d’aller sur des nouvelles bases, dans le sens vraiment de tirer les enseignements de tout ce qui s’est passé comme mauvaise gouvernance, dysfonctionnements institutionnels. En plus de cela, il faut que les maliens se retrouvent.

Nous constatons ou nous assistons à une tendance très grave qui consiste à vouloir diviser les maliens ; à vouloir instrumentaliser la division des maliens en clans, or c’est tout le contraire qui devrait se faire maintenant.

Nous avons pris acte de ce qui s’est passé, maintenant, il est temps que les maliens se retrouvent et en famille qu’il ait des concertations nationales, si vous voulez une conférence nationale pour que chacun, en fonction de ses compétences et de ses capacités, contribue à l’édification du nouveau Mali que nous espérons tous de tout notre cœur. Il faut vraiment éviter très sérieusement ce discours qui est en train de prendre corps où les gens proposent les acteurs privilégiés pour le nouveau Mali au détriment d’autres maliens. C’est anticonstitutionnel, car la Constitution dit clairement que tous les maliens naissent libres et égaux et aucune discrimination n’est permise tenant compte de la race, de l’ethnie, de la couleur de la peau, encore moins de l’opinion politique ou religieuse. J’insiste là-dessus, c’est vraiment un danger qui est en train de nous guetter auquel, il faudrait mettre un terme très rapidement.

 

Source : Journal ‘’Le Flambeau’’

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