A travers une interview exclusive accordée au journal ‘’Le Confident’’, Ousmane Camara nous fait revivre le film de l’arrestation de son grand frère, Abdoul Karim Camara dit Cabral. Lisez plutôt les lignes qui suivent pour en savoir davantage.
Le Confident : Présentez-vous à nos lecteurs s’il vous plait.
O C : Je me nomme Ousmane Camara. Je suis le petit frère de feu Abdoul
Karim Camara dit Cabral.
Le Confident : Quels souvenirs gardez-vous de l’arrestation et de la
disparition de votre grand frère ?
O C : Pendant que Cabral était recherché, c’est moi qui l’apportais à manger dans cachette, dans une famille voisine. Il devait normalement être arrêté par la Centrale qui à son tour a chargé la Poudrière de le faire à sa place. Car, les agents de la Poudrière connaissaient pratiquement tous les membres de notre famille. En effet, notre famille n’était pas loin de la Poudrière. Pour pouvoir mettre la main sur Cabral, les autorités policières d’alors ont arrêté deux de mes grands frères et une grande sœur. Entre temps, ils ne savaient pas que c’était moi qui l’apportais le repas. D’ailleurs, un jour quand j’apportais son repas, deux individus m’ont suivi et quand je l’ai su, j’ai laissé le repas dans un grain, et je suis allé me promener un peu avant de revenir prendre. Entretemps, sous l’effet de la torture des éléments de la poudrière, notre grande sœur a fini par les conduire à Djicoroni à la mosquée de Djala, communément appelé ‘’Djala ka missiri’’ où Cabral avait séjourné. Là-bas aussi, les policiers ont procédé à l’arrestation des connaissances de Cabral qui ont fini par les conduire à Massala, où se cachait Cabral chez Kolon, un de nos frères. En effet pour rejoindre Massala, Cabral avait décidé de changer de look. En effet, lui qui aimait les cheveux, s’était fait raser la tête et est donc parti incognito à bord d’un véhicule, sans attirer le moindre soupçon. Aussitôt qu’ils sont arrivés à Massala, ils ont arrêté Kolon, le tuteur de Cabral qui a été soumis des tortures. C’est ainsi, la femme de Kolon, qui ne pouvait pas supporter les supplices de son mari, est allée voir Cabral pour lui dire les policiers étaient en train de torturer son mari à cause de lui. Ainsi, Cabral est venu se livrer en disant que personne ne doit mourir à cause de lui. Heureux d’avoir atteint leur objectif, les policiers l’ont tout simplement arrêté et l’ont ramené à Bamako.
Le Confident : Parlez-nous de son arrestation et des circonstances de son décès.
O C : Le jour où il a été arrêté et emmené à Poudrière, il a passé la nuit là-bas. Le lendemain, on lui a apporté son petit-déjeuner, il l’a pris et l’a déposé dans la cellule. Rappelons qu’il était dans la même cellule que les voleurs de tous acabits. Il nous regardait partir par la fenêtre, sans mot dire. Le deuxième jour, avant même qu’on l’apporte son petit déjeuner, quelqu’un est venu chez nous en courant et en criant : ‘’votre frère a été tué’’. A l’annonce de cette
nouvelle, la tristesse avait envahi notre maison. Moi, je n’en croyais même pas. Pourtant oui, mon grand frère avait été assassiné.
Le Confident : Après son décès, est-ce qu’on vous a remis son corps
pour ses funérailles ?
O C : Justement, non seulement on ne nous a pas donné le corps, mais nous ne savons toujours pas où il se trouve. En tout cas, on est en train de tout mettre en œuvre pour voir enfin sa tombe. Nous avons foi que les autorités de la transition nous aiderons à y parvenir. Les autorités d’alors disent qu’ils ne savent rien, mais tout le monde sait qu’ils sont au cœur de sa disparition.
Le Confident : En tant que parents de Cabral, quelles doléances avez-vous à l’endroit des autorités de la transition ?
O C : Notre seul souhait est de savoir où se cache le corps de notre frère. Nous ne demandons pas d’argent ni aucun autre privilège.
Le Confident : Quels souvenir gardez-vous de votre frère ?
O C : En réalité, j’étais très proche de lui puisqu’on dormait dans la même chambre et mangeait ensemble. Vu qu’il était à l’internat, chaque fois qu’il revenait à la maison, il faisait chanter les aides ménagères et écrivait leurs chansons. Je ne sais pas ce qu’il en faisait, mais je garde des bons souvenirs de ses instants de joies.
Le Confident : Votre dernier mot.
O C : Oui, en effet j’ai un souhait, là où Aboul Karim Camara dit Cabral se cachait, se trouve à 4 rues derrière notre maison. Je souhaite que ses amis se joignent à notre famille, pour qu’ont aillent saluer les membres de cette famille. Car, ils se sont bien occupés de notre frère. Cela me ferait plaisir.