A la rencontre de R-Souta : Siramakan MARIKO à l’état civil, très direct dans ses verbes, il s’avère incontestablement une révélation du Rap-conscient au Mali

Sene Kunafoni

Doté d’un talent musical inné, R-Souta est auteur de nombreux titres, sans langue de bois, interpellant les dormants dirigeants à se lever pour faire face aux priorités du pays: l’éducation et l’emploi qui peuvent fondamentalement résoudre tous les autres problèmes du pays, à savoir : famine, orpaillage traditionnel qui fait plus de mort que le chemin de l’Europe à travers l’océan et le désert, le terrorisme, santé, économie etc… Suivez l’intégralité de l’entretien qu’il a bien voulu accordé aux journaux : l’Œil du Péon ; le Confident ; le site senekunafoni.net et à la page de l’émission « Sans Tabou », le dimanche 10 mai 2020 à Banconi Kognoumani.

Votre nom à l’état civil ?

Je me nomme Siramakan MARIKO à l’état civil, mais on m’appelle communément R-Souta. Né à Bamako, je suis originaire de Bougouni, ville de mes parents.

Pourquoi R-Souta ?

Soutadounouni, c’est le nom d’un site d’orpaillage dans lequel il y a trop de perte de vies humaines du aux accidents habituels sur les sites d’orpaillage traditionnel. Comme ma vision est d’informer le maximum de personne de la société civile ainsi que des plus hautes autorités, j’ai voulu immortaliser le nom de ce site afin de rendre hommage à tous ces braves jeunes y assommés éternellement. Des jeunes, par manque d’emploi et de considération des gouvernants, ont refusé le vol, l’escroquerie, le banditisme ou en un mot l’argent facile et aller se sacrifier pour l’honneur de leurs parents qui n’ont que leurs yeux pour pleurer quotidiennement.

D’où vient cet amour de la musique chez toi?

Sans prétention aucune, je dirai que c’est un fait de Dieu. Car je n’ai jamais été à l’école de quelqu’un pour devenir chanteur.

Quand est-ce que vous avez commencé à chanter ?

C’est en 2014-2015 que j’ai commencé à chanter constamment.

Pourquoi vous vous focalisez toujours sur le site d’orpaillage traditionnel « ndamanda », dans vos différentes chansons ?

C’est parce que  je suis moi-même travailleur sur les sites d’orpaillage traditionnel, je connais pas mal de réalités sur ces sites que pas mal de personne. Mon tout premier pas sur un site d’orpaillage traditionnel était à Koflatie, mais j’y ai pas duré, c’est à Foroko que j’ai beaucoup duré. Alors constatant que sont rares, les chanteurs porteurs de message dans la société, à s’intéresser à cette alarmante question de « ntamanda » et informer le maximum de personne sur ses réalités, j’ai tout de suite muri l’idée de le faire moi-même en tant que témoin oculaire.

Les autorités du pays sont contre l’orpaillage traditionnel car des gens y meurent en grand nombre et les jeunes n’arrêtent pas d’en pratiquer pourquoi?

Comme on le dit dans l’hymne nationale du Mali «  saya kafissa ni malo ye », mieux vaut mourir tôt dans les sites d’orpaillage  que de vivre perpétuellement dans la misère. Mieux vaut mourir tôt que de vivre dans le vol et l’escroquerie et finir un jour en prison tout en subissant a honte. Si l’état montre de nouvelles perspectives de travail avec la création d’usines, des aides à l’endroit de l’entrepreneuriat jeune, quel jeune va se donner la mort sur les sites d’orpaillage encore?

Si réellement l’état est contre l’orpaillage traditionnel, qu’il donne de l’emploi aux jeunes et plus jamais les jeunes n’iront se sacrifier tout comme ils le font sur la route de l’occident en se sacrifiant sur le désert et dans l’eau. Aucun jeune jouissant de toutes ses facultés n’accepte de voir ses parents mourir de faim et s’asseoir en croisant ses bras. Chers journalistes je vous fais une confidence, si l’état ferme catégoriquement les sites d’orpaillage, Bamako sera l’une des villes les plus dangereuses sur la planète. Tous ces jeunes qui se battent sur les sites d’orpaillage et nourrir leurs familles à Bamako se transformeront en bandits et attaquer les gens à longueur de journée. Les jeunes partent parce qu’ils n’ont plus d’espoir et quelqu’un qui n’a pas d’espoir ne voit aucune importance en la vie.

Dans la chanson « fouroukounkourouni », vous citez plusieurs nationalités africaines sur les sites d’orpaillage maliens, sont-elles confrontées au même problème de chômage que ceux du Mali?

Bien évidemment, je confirme inéluctablement et sans ambages que la jeunesse des pays africains que je cite dans la chanson est un et indivisible car confrontée aux mêmes problèmes d’indifférence et laxisme des autorités, même problème de chômage, même problème d’éducation, de désespoir, même problème de tout et de tout etc…. Chose poussant les jeunes à faire recours aux sites d’orpaillage traditionnel.

Tièkissè chou ; Koly magni; Bimogoya; Konkon; D’Amanda; Fourou Kounkourouni que inspirent ces quelques morceaux parmi les vingtaines de chansons que vous avez ?

Ces titres sont des alertes interpellant nos dormants dirigeants à se lever pour faire face aux priorités du pays: l’éducation et l’emploi qui peuvent fondamentalement résoudre tous les autres problèmes du pays, à savoir : famine, orpaillage traditionnel qui fait plus de mort que le chemin de l’Europe à travers l’océan et le désert, le terrorisme, santé, économie etc… Aussi, ces titres servent d’hommages pour les parents et leurs enfants, nos camardes jeunes ayant injustement perdus leurs vies dans les sites d’orpaillage, sur le désert et dans l’océan à la quête d’un avenir meilleur pour leurs prochains.

Pouvez-vous parler un peu de la tragédie, suite à laquelle votre camarade Oumar a perdu la vie ?

Désolé, mais c’est triste, très triste……..je préfère ne pas.

R-Souta trouve-t-il des concerts et travaille-t-il dans le « ntamanda» (site d’orpaillage) encore ?

Oui, je fais énormément de concert avec mon manager Papin dans différents sites d’orpaillage, sur demande de mes camarades jeunes orpailleurs. Oui, je travaille toujours dans l’orpaillage traditionnel comme avant. Même présentement j’ai mes matériels d’orpaillage dans plusieurs sites d’orpaillage.

Parlez-nous de votre dernier titre, Coronavirus ?

Au-delà de l’aspect sensibilisation sur la dangerosité de la maladie du covi19, j’essaie d’interpeller les autorités à plus de crédibilité envers la population. Comment ce peut-il que, dès l’annonce de la maladie, tous les prix changent dans nos marchés ?  Des milliards sont déclarés dans les discours pour faire face à la pandémie et personne au sein de la population ne voit la trace de rien. Alors je ne parle pas du oui ou du non de l’existence de la maladie du coronavirus au Mali, mais l’aspect de la pauvreté et de la corruption qui sont autour et qui risquent d’être plus dangereux que la maladie elle-même. Le titre coronavirus interpelle les uns et les autres de ne jamais profiter du malheur pour s’enrichir en détournant des deniers publics.

Votre mot de la fin ?

En mot de fin, je remercie vous journalistes pour le grand rôle que vous jouez dans le bon fonctionnement de la démocratie malienne. Je salue tous les braves guerriers, actuellement dans les sites d’orpaillage se sacrifiant pour donner à manger à leurs familles respectives. Je remercie mes amis et camarades, particulièrement mon Manager Mamoutou FOFANA alias Papen. Je remercie mes chers parents ainsi que toute la population de Kognoumani et de Bougouni. En fin, j’interpelle les autorités africaines, particulièrement celles du Mali, Burkina, Sénégal, Côté d’Ivoire, la Guinée , la Centre-Afrique , Niger , Nigeria, Ghana dont les ressortissants sont les plus fréquents dans les sites d’orpaillage traditionnel, à se réveiller et faire face au chômage des jeunes. Sans l’éradication de la corruption et du chômage des jeunes, il serait impossible de mettre fin à la fréquentation massive des sites d’orpaillage traditionnel par les jeunes. Ce serait le pire d’empêcher les jeunes d’y aller sans des perspectives de création d’emploi, car bon nombre deviendront des vagabonds dans les grandes villes.

Réalisation Kodori  COULIBALY et Dognoumé DIARRA

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