Imaginez un instant : vous êtes dans une clairière paisible, entouré de verdure, et vous creusez un puits pour y trouver de l’eau. Soudain, au lieu de l’eau, un caïman surgit et vous mord sauvagement.
C’est absurde, n’est-ce pas ? Pourtant, cette scène surréaliste résume à merveille la situation que vit aujourd’hui le paysage médiatique malien, avec la Haute Autorité de la Communication (HAC) brandissant la hache contre Joliba TV News, à la suite d’un simple signalement de son homologue burkinabè.
Pour rappel, la HAC est censée être une institution garante de la liberté d’expression, une balise éthique pour préserver le droit à l’information. Mais voilà, il semble que cette noble mission ait été échangée contre une arme tranchante, utilisée à tort et à travers contre les professionnels des médias. Mais soyons sérieux une seconde : quel est l’enjeu réel ici ? Joliba TV News est-elle devenue une menace nationale, au point de mériter un tel acharnement ?
Ou la HAC a-t-elle simplement décidé de suivre aveuglément des injonctions externes, sans se soucier des implications pour notre liberté d’expression ?
À force de se concentrer sur des querelles stériles, notre HAC semble avoir oublié ses priorités. Elle devrait, par exemple, se pencher sur les multiples problèmes de régulation des contenus haineux en ligne, Mais non, elle préfère sortir la hache pour abattre un arbre qu’elle a elle-même planté.
Ironique, non ? Alors oui, nous comprenons la nécessité d’une régulation. Mais cette régulation ne devrait jamais devenir un outil de musellement. Sinon, à ce rythme, demain, chaque journaliste, chaque média deviendra une cible potentielle, et l’espace d’expression se réduira à peau de chagrin.
La HAC ferait bien de ranger sa hache, de reprendre ses esprits et de revenir à sa mission première : protéger et encadrer, pas saboter. Quant à nous, citoyens et professionnels des médias, il est de notre devoir de veiller à ce que les institutions, comme la HAC, ne deviennent pas les fossoyeurs des libertés qu’elles sont censées garantir.
En attendant, le caïman rôde. Mais n’oublions jamais : une hache mal utilisée finit toujours par blesser celui qui la brandit.
Abdourahmane Doucouré