Dans le 17èmenuméro du chronique « YE TAA » du célèbre chroniqueur malien, Ibrahim Kébé du 11 février 2023, il révèle que la France coloniale a massacré plus de 1000 personnes à Goumanko.
‘’En 1858, les toucouleurs détruisirent complètement la localité de Briko, car le peuple de Briko refusa la soumission. Cette population venait d’être dispersée.
En 1868, soit 10 ans après cette ignoble destruction de Briko, Kô et Madou Wulén, deux leaders emblématiques ont réuni les habitants dispersés de Briko, les ont conduits à Kita, afin de demander à Tôkonta KEÏTA (chef de kita), un endroit pour s’installer. Il les a installés à Goumanko. Ainsi, sous la direction de kô et Madou Wulén, ces ressortissants de Briko, victimes de la razzia, ont décidé, sans délai, de construire un Tata de 3m de largeur, 5m de hauteur pour se protéger contre toutes autres agressions futures.
Goumanko devint unsymbole du refus de se soumettre aux imposteurs, un symbole de résistance à la domination. N’importe quel esclave qui arrivait à Goumanko était accueilli à bras ouverts et donc protégés. Goumanko devint ainsi une véritable menace pour le colon et ses valets.
Le 09 janvier 1881, Borgnis-Desbordes a quitté Médine (Kayes), avec 424 combattants dont 156 Européens, 18 officiers, 4 canons, 355 conducteurs et âniers et 452 animaux divers (moutons, chèvres etc.).
Sur le chemin, cette colonne de honte a été victime de l’épidémie de fièvre typhoïde. Elle a été durement touchée.
Le 7 février 1881, la colonne de Borgnis-Desbordes est arrivée à Kita. Il a demandé à Goumanko de lui apporter l’aide et l’assistance (nourriture). Goumanko refusa sans hésitation, parce que Goumanko préférait sa dignité pour apporter un soutien quelconque au colonisateur sans foi ni loi.
Le vendredi, 11 février 1881, la colonne Borgnis-Desbordes a attaqué Goumanko. Elle a posé ses canons à 250 mètres du Tata. Le premier coup de canon fut tiré à 10 heures. Borgnis-Desbordes et ses hommes ne disposaient que de 95 obus. Il a fallu 84 coups de canon pour détruire le Tata. Il ne restait, donc, que 11 obus. Les armes artisanales des combattants de la dignité de Goumanko ne parvinrent pas jusqu’à la bande de la honte, colonne de BORGNIS-DESBORDES. Bien que les combattants de Goumanko n’avaient pas d’armes égales, résistaient farouchement et préféraient la mort à la honte. Le combat s’arrêta quatre heures plus tard.
Le bilan est (Destruction du Tata ; Goumanko brûlé ; plus de 1.000 morts dans le Goumanko ; 2 français (Marchi mort sur-le-champ et capitaine Paul mort à Kita, à la suite des blessures), sont enterrés à l’entrée du camp de Kita, l’un sur la gauche et l’autre sur la droite ; 5 tirailleurs sénégalais tués ; 24 tirailleurs sénégalais blessés. Honneur et dignité aux résistants de Goumanko’’.
Ibrahima KÉBÉ Tamaguidé