De nos jours les conditions de transport de la viande consommée à Bamako sont critiquées par la majorité de la population. Après une enquête de plusieurs mois auprès des acteurs de la filière viande (bouchers, agents abattoir, éleveurs, services sanitaires, vétérinaires qui requièrent l’anonymat), il s’avère que la mauvaise gestion de l’abattoir de Bamako et la saleté de la viande consommée à Bamako sont dues à l’amateurisme et le sabotage d’Abdoul Wahab Moulékafou.
Selon bon nombre de personnes que nous avons approchées, la mauvaise gestion de l’abattoir de Bamako date de sa privatisation sous Alpha Oumar Konaré. C’est après Moussa Traore que l’Etat Malien a privatisé l’abattoir et de le céder à son actuel Directeur General Abdoul Wahab Moulécafo, opérateur économique. ‘’Quand on privatisait l’abattoir, il était bien équipé et répondait complètement aux normes. Il est regrettable aujourd’hui de voir que l’abattoir de Bamako, l’un des meilleurs de l’Afrique quand on parle de son architecture et des équipements de l’époque, soit le plus sale et n’ayant presque plus d’équipement digne d’un abattoir’’, martèle un boucher du marché de Medina Coura.
Selon un autre boucher, toute la population de Bamako les accuse quand ils transportent la viande sur les motos Jakarta, en les exposant à la poussière et au microbe. Il affirme que la faute n’incombe pourtant pas aux bouchers, mais plutôt au DG de l’abattoir M. Moulécafo qui n’assume nullement plus sa responsabilité. ‘’Ni l’abattage, ni la coupe, ni le paquetage encore moins le transport de la viande ne se font plus comme avant la privatisation de l’abattoir. Aux dires de ce boucher septuagénaire qui affirme être dans le métier depuis plus de 3O ans, il y’avait des voitures frigonettes digne de ce nom dans l’abattoir sous Moussa Traore pour le transport de la viande partout et jamais au grand jamais on ne pouvait voir la viande en pleine circulation comme ça se fait aujourd’hui au vu et su de tous, même les agents de service d’hygiène. C’est à défaut de ces voitures que le boucher se voit dans l’obligation de mettre sa viande sur les motos tricycles ou sur les motos Jakarta, indique-t-il.
Un autre boucher dira que c’est dangereux de manger la viande provenant de l’abattoir de Bamako aujourd’hui. Il témoigne qu’aucune mesure sanitaire n’est prise dans l’abattoir de Bamako. Selon ce dernier, quand on abat la vache, la bonne viande doit passer par un circuit et la mauvaise par un autre. Quand la mauvaise viande part dans son circuit il y’a un produit qu’on y mette pour éviter tout tentative d’en manger. Présentement toutes les viandes mauvaises et bonnes passent par le même circuit à cause de la négligence du DG actuel et on ne sait plus la différence entre la bonne et la mauvaise viande.
Selon un consommateur, c’est l’état malien qui ne joue plus son rôle. ‘’Même si l’abattoir est privatisé qu’est ce qui empêche l’état d’envoyer constamment les agents des services d’hygiène pour des contrôles d’hygiène dans l’abattoir ? Cet opérateur économique s’en fiche de la santé de la population alors c’est à l’état de s’assumer afin de lui mettre de la pression pour assainir et mieux équiper l’abattoir’’, fulmine-t-il très en colère. Pour preuve, a-t-on appris, que c’est à cause de l’état sale et dépravé de l’abattoir de Bamako, que la viande consommée par la MINUSMA vient de Dakar. Ce qui est déjà un grand manque à gagner pour le Mali. Les mêmes témoins affirment que la MINUSMA aurait dit que la viande de l’abattoir du Mali ne doit pas être mangée.
Au terme de l’enquête, nous avons entamé des démarches pour rencontrer le Directeur Général Abdoul Wahab Moulékafou pour avoir sa version des faits, il n’a pas voulu coopérer.
Situé à l’étage de son immeuble Afrique Auto au grand marché juste auprès de la poste, le bureau du Directeur de l’Abattoir de Bamako est également l’immeuble qui loge la banque BCS et la Banque ATLANTIQUE. C’est après plusieurs tours à l’abattoir que nous avons été informés que le DG Moulécafo peut faire plus d’un mois sans y mettre les pieds. Alors c’est à l’issue d’autres recherches qu’on a eu l’information qu’il est présent du lundi au dimanche dans un bureau à l’immeuble Afrique Auto dont il est propriétaire. C’est ainsi qu’on y est allé le lundi 8 février à 12h puis à 14h tout en essayant de lui rencontrer, mais en vain.
À signaler que le gardien et la secrétaire de Moulékafou ont fini par nous bloquer tout accès à leur patron tout en affirmant qu’il est absent pendant que d’autres visiteurs entraient et sortaient au vu et su de tous dans son bureau.
À suivre…
Dognoume DIARRA