Dr Guida LANDOURE : Ce que je pense, la CEDEAO a tout faux !

Sene Kunafoni

Suite à la proposition de sortie de crise proposée par les Chefs d’états de la CEDEAO à l’issu du Sommet Extraordinaire via visioconférence ce le lundi 27 juillet 2020, le Dr Guida LANDOURE, Président de ALERTE, membre de EMK puis du M5-RFP a intervenu en ces termes : « Ce syndicat des chefs d’Etats a encore fait une analyse erronée de la crise malienne en la ramenant à un litige post-électoral et un partage de postes ministériels. Il va donc de soi qu’ils prennent des mesures dans ce sens mais qui ne répondent pas aux aspirations de la majorité des maliens même de certains pour le maintien de IBK ».

D’abord, ils disent de la démission de IBK une ligne rouge à ne pas franchise. Ça voudrait dire que quoi qu’il fasse, ils le soutiendront. C’est pourquoi ils ne sont pas, comme certains maliens, indignés de ces tueries de maliens par balles réelles par une force entrainée contre les terroristes qui pourtant continuent de sévir dans le Nord et le Centre. Ils foulent ainsi sous leur pieds l’Article 1er de notre constitution qu’ils disent défendre et qui stipule: « la personne humaine est sacrée et inviolable » (je laisse la 2ème phrase pour après) et l’Article 2 qui dit: « Nul ne sera soumis à la torture, ni à des sévices ou traitements inhumains, cruels, dégradants ou humiliants. »

  1. Ils demandent (pas proposent) la démission de certains députés qu’ils disent mal élus. D’abord, ils piétinent notre constitution qui donne les mêmes droits qu’ils réclament pour leur pair aux députés. D’abord l’arrêt de la cour est sans appel et le poste de député ne peut être vacant que par décès, démission ou incapacité. D’ailleurs, le député est plus couvert par ce que moins concerné par la désobéissance civile du fait que la forme républicaine est garantie par le PR. Aujourd’hui, le malien ne jouit pas de ses droits fondamentaux: – Article 1er: « Tout individu a droit à la vie, à la liberté, à la sécurité et à l’intégrité de sa personne. » Aujourd’hui, on laisse les pauvres populations du centre à leur sort. Elles sont massacrées tous les jours sans que l’Etat ne prenne aucune mesure. Notre liberté de circuler est réduite par ce que certaines zones non accessibles. Au même moment, on déploie une force énergique pour sauver le fauteuil du PR.

– Article 2: « Tous les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs. » La justice ne marche que pour les riches. La force n’est plus à la loi mais à l’argent. Les bons soins de santé sont offerts à quelques hauts cadres qui utilisent l’argent du contribuable pour se soigner à l’étranger. L’école des pauvres ne marche qu’un ou au plus deux trimestres par an alors que les enfants des mêmes décideurs étudient à l’étranger ou dans des écoles privées qui ouvrent même en temps de covid-19.

– Article 29: « Le Président de la République est le gardien de la Constitution et le garant de l’intégrité du territoire. » La Constitution a été violée par le PR pendant tout son mandat, parmi les exemples saillants, la prorogation du mandat de l’AN et, récemment, l’abrogation du décret de nomination de la CC.

– Article 121: « Le fondement du pouvoir en République du Mali réside dans la Constitution ». Développons ici en rappelant que le PR a failli dans le fondement même de la république en ne garantissant pas les articles 1 et 2 pour tous les citoyens et en faillant dans l’Article 29 par ce que non seulement l’intégrité du territoire s’est envolée depuis son accession au pouvoir mais aussi il a violé la Constitution dont il est le gardien.

Le même Article 121 dit: « La forme républicaine de l’Etat ne peut être mise en cause. Le Peuple a droit à la désobéissance civile pour la préservation de la forme républicaine de l’Etat. »

 

Dans son Article 25, la Constitution stipule: « Le Mali est une République indépendante, souveraine, indivisible, démocratique, laïque et sociale. » Dès lors qu’on nous impose des mesures, pas seulement de la CEDEAO, est-on indépendant et souverain? Dès lors qu’une partie du pays n’est pas accessible aux autorités administratives et aux forces armées et de sécurité n’est-on pas divisé?

Dès lors que deux drapeaux flottent sur le même territoire, pouvons-nous nous réclamer indivisible?

Est-on une République démocratique quand le PR impose son candidat à la présidence de l’AN?

Est-on une République démocratique quand les élections sont truquées et des cas flagrants de fraudes portent des individus aux plus hauts sommets de l’Etat?

Laïque? Mon œil waye! Dans le village en face du Gouvernorat de Mopti c’est la loi des « djihadistes » qui est appliquée. Même dans certaines zones non reculées il n’y a plus de juges et c’est la loi des milices ou des « djihadistes » selon les zones.

République sociale quand ce sont des intérêts mafieux qui font la loi, un petit cercle qui monopolise les biens de l’Etat et une élite qui s’enrichit alors que le bas peuple s’appauvrit. Justement, c’est quand ce PR était PM que nous avons eu les premiers 19 fonctionnaires milliardaires. Tout ceci donne la légitimité au peuple, à travers le M5-RFP, de demander la démission du PR par ce que la forme républicaine de l’Etat Malien n’est pas seulement mise en cause mais elle part en fumée. Comme disait l’autre, c’est enfin le M5-RFP qui est dans la constitution et le PR et sa CEDEAO l’ont violée.

  1. Recomposition de la cour constitutionnelle: L’article 91 de la Constitution dit que la CC comprend 9 membres dont 3 nommés par le PR, 3 par le PAN et 3 par le conseil supérieur de la magistrature. La Constitution ne dit pas 6 comme proposait la CEDEAO pour un départ. Ils proposent l’application de l’Article 50 par le PR pour nommer les membres de la CC en cas d’obstacle sans savoir que ce même article précise que l’avis de la CC doit être demandé. D’ailleurs, le PR n’a cessé d’user de ses pouvoirs exceptionnels tout au long de ses 7 ans de mandature mais de recul pour le pays.

 

  1. Gouvernement d’union nationale? Une autre erreur. On pense que ce mouvement est une question de poste. Certes, certains peuvent venir pour cette raison mais après 3 mois de contestation, l’ont devrait se résoudre à la question que cette grogne est plus qu’une question de partage de postes. Et d’ailleurs pourquoi vouloir nous amener sur ce terrain au lieu de s’attaquer aux vrais problèmes. Si c’était une question de PM, le PR en a essayé 6, si c’était une question de ministres, il en a essayé plus de 240 fois. Le problème, tout le monde le sait, c’est le PR. On nomme un PM et 6 postes clés et on dit notre main tendue. Voilà qu’on nous amène du réchauffé: un ministre de la justice qui n’a pas réussi à organiser des élections et qui n’a pas réussi à faire passer une révision constitutionnelle, un chef d’état-major limogé après les tueries d’Ogossagou revient plus fort avec le poste de ministre de la sécurité intérieure, un ministre de l’administration qui fait des élections bâclées reste à son poste et le petit monsieur est gardé pour faire les petites missions. C’est le régime de la promotion de la médiocrité et c’est sûr que le PR n’est au contrôle de rien. Sur les 5 noms donnés par le Cherif de Nioro il y a plus d’un mois, 4 sont venus sur les 7 postes du gouvernement en constitution. On aura tout vu avec IBK.

 

  1. Comité de suivi? Combien de comités de suivi a-t-on installé avec IBK et qui n’ont pu travailler à cause de sa léthargie? Comité de suivi de l’accord de paix, comité de suivi des résolutions des concertations nationales, comité de suivi de l’accord politique, comité de suivi du Dialogue National Inclusif etc… Un PR qui n’a rencontré ses conseillers spéciaux depuis leur nomination (jusqu’à 5 ans pour certains) aurait-il le temps pour un comité qui lui a été imposé?

 

  1. Sanctions contre les membres du M5-RFP ou toute autre personne qui s’opposerait à ces mesures. Il n’y a aucun pays de la CEDEAO dans les pays à indice de développement humain très élevé ou élevé et seul deux sont parmi les pays à IDH moyen. Parmi les 10 derniers pays, 4 sont de la CEDEAO et parmi les 20 derniers se trouvent 8 des 15 pays de la CEDEAO. Tenez-vous bien, celui du président de la CEDEAO occupe la dernière place au monde. Messiers les Présidents, occupez-vous à développer vos pays avant de penser aux sanctions. D’ailleurs, ce que j’ai oublié de dire à Isaac Coulibaly sur le plateau hier soir, est de dire à la CEDEAO qu’on fera partir leur pair et on travaillera notre pays de sorte à ce que les maliens n’aient pas envie d’aller voir ailleurs et afin qu’on ne puisse plus nous intimider avec des menaces d’embargo.

 

Ma réponse à la CEDEAO sur les sanctions est l’expression donnée par ma photo. Est-ce d’ailleurs facile de traverser les frontières de ces pays avec toutes ces tracasseries et tous ces rackets?

 

La CEDEAO est-elle bien placée pour nous empêcher de demander la démission d’IBK?

Qu’est-ce que Mahamadou Issoufou (à l’époque président de l’assemblée), Président en exercice de la CEDEAO n’a-t-il pas fait pour faire démissionner le Président Mahamane Ousmane?

Qui est venu faire démissionner ATT et ça c’était un coup d’état qui est anticonstitutionnel alors qu’il s’agit ici d’un soulèvement populaire?

 

Pourquoi la CEDEAO ne lit pas ses propres textes et chercher à les faire appliquer pour assurer une bonne gouvernance dans ses états membres et éviter ces soulèvements?

 

Tiré de l’analyse du grand frère Ibrahim Ikassa Maiga, dans son Protocole A/SP1/12/01 la CEDEAO prône la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Pour qui a suivi les élections de l’AN et du PAN, on sait bien que le PR a imposé son fils adoptif (c’est le PAN qui l’a dit sur la télé nationale) contre le candidat choisi par le parti. Que dire de toutes les obstructions judiciaires récentes? Et d’ailleurs, pourquoi faire partir le ministre de la justice et ne pas lui permettre de poursuivre sa lutte?

 

Le même protocole dit: « Les organes chargés des élections doivent être indépendants et neutres et avoir la confiance des acteurs et protagonistes de la vie politique. En cas de nécessité, une concertation nationale appropriée doit déterminer la nature et la forme desdits Organes. » La contestation remonte à 2018. Pourquoi attendre que la situation se dégrade pour enfin vouloir venir torpiller la voie du peuple?

 

La CEDEAO s’était fixé comme objectif 2020, une CEDEAO des Peuples. Il est temps que cette CEDEAO travaille pour les peuples et non pour les Chefs d’Etat.

 

Le M5-RFP résistera et persévéra dans sa vision d’aller vers une transition qui travaillera à amener le pays vers une 4ème république qui marche pour tous et chacun des maliens. Pour ceux qui hésitent encore, je vous dis: « Make a choice, take a chance, be the change ».

 

Guida Landoure, MD, PhD

Service de Neurologie

CHU du Point « G »

Point « G », Bamako

(Pour les éventuelles sanctions)

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