CONCLUSION DE LA RENCONTRE DES MINISTRES DE L’ÉCONOME ET DES FINANCES DES PAYS DE L’AES : Lisez ce qu’en pensent certains de nos lecteurs. 

Sene Kunafoni

Le Burkina Faso, la République du Mali et la République du Niger ont décidé d’impulser une nouvelle dynamique de coopération stratégique à travers la signature de la Charte instituant l’Alliance des États du Sahel (AES), le 16 septembre 2023 à Bamako. Une ambitieuse vision qui s’inscrit en droite ligne de la volonté des Chefs d’Etat, le Capitaine Ibrahim TRAORE, Président de la Transition, Chef de l’Etat du Burkina Faso, le Colonel Assimi GOITA, Président de la Transition, Chef de l’Etat de la République du Mali et le Général de Brigade Abdourahamane TIANI, Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), Chef de l’Etat de la République du Niger, d’œuvrer à la sécurisation, à la promotion de l’indépendance économique et à l’intégrité de l’espace du Liptako-Gourma. Suite à cela, les Ministres de l’Économe et des Finances des trois pays se sont réunis à Bamako, dans la semaine du 20 novembre 2023. A l’issue de cette rencontre, a été élaborée une conclusion, le 25 novembre sur laquelle certains de nos lecteurs donnent leurs avis.

Tahirou Bah, Écrivain : Il est évident que les AES sont dans l’ère du temps en phase totale avec la nouvelle reconfiguration du monde, à savoir la naissance des BRICS, la montée en puissance des forces Eura Asiatique. Cela est une aubaine pour les pays de l’AES aujourd’hui, de saisir toutes ces opportunités que le contexte géopolitique mondial leurs offres, afin de bâtir une alliance solide et crédible dans plusieurs domaines : Éducation ; Santé ; Emploi ; Infrastructures Routières de par-dessus tout, dans le domaine de la sécurité.

Ismaïla Samba Koné, Entrepreneur dans le domaine des BTP : Je dirais que c’est ambitieux, mais la mise en pratique est très délicate. Dans tous les domaines cités, les trois pays ont des problèmes différents. Il faut également reconnaître que toutes ces mesures ont été prises par le passé au sein d’autres organisations sous régionales, telle que l’UEMOA, mais leurs applications ont toujours été difficile. A mon avis, si nos pays pouvaient mettre l’accent sur l’aspect sécuritaire, chose déjà en cours, cela pourrait être plus facile. Quand on parle de transport fluvial, c’est seulement le Mali et le Niger à travers le fleuve Niger, il n’y pas de fleuve important qui relie le Burkina, a l’un des deux autres. En somme, il y’a eu des faits dont sont victimes ces trois pays, le terrorisme. Après l’éradication de ce fléau, chacun va se chercher.

Samba Fané, Inspecteur des Finances : Ces propositions constituent une bonne chose pour relever les défis économiques, sécuritaires et de développement dans la zone AES. Cependant, il y a des zones d’ombres à mon avis. Ces trois pays se trouvent dans la même situation politique et d’instabilité. Alors que, pour réaliser un tel projet il faut des institutions fortes et stables. Dans les conditions normales, les pouvoirs de transition sont là pour une période relativement courte.
Le deuxième problème est que cela ressemble à une union de circonstance des oppressés face à l’oppresseur, mais la déclaration et les initiatives ont beaucoup de similitudes avec ceux de l’oppresseur (CEDEAO). Aussi, nos trois pays ont la même situation financière difficile qui ne favorise point les investissements. Je pense que des réflexions doivent être approfondies pour de tel projet de communauté avec le temps nécessaire. Ensuite il faut trouver des partenaires fiables et travailler sur la stabilité des institutions pour y parvenir.

Mohamed Bill Traoré Président du Mouvement la Résistance Citoyenne MRC : Au moment où les trois États du Sahel, qui font frontières et qui sont liés par beaucoup de choses telles que le terrorisme, victimes du complot occidental en vue de les maintenir dans la prédation ont signé une charte pour converger vers un destin commun en matière de la lutte contre le terrorisme, organisé et financé par l’Occident en complicité avec certains dirigeants de la CEDEAO. La rencontre des ministres des affaires étrangères de ces trois pays est une suite de processus dans l’aboutissement des projets établis par l’Alliance États du Sahel.
Comme la création d’une diplomatie flexible, l’union douanière, le marché commun, la Zone et libre d’échange, l’union économique et surtout la création d’une monnaie commune entre l’AES. Après cette rencontre des ministres des affaires étrangères, il y’aura aussi celle des ministres de défenses de l’AES dans les jours à venir avant le fameux sommet extraordinaire de la CEDEAO contre ces trois États. En réalité, c’est pour aussi préparer une réponse commune fatale contre les résolutions qui vont sortir du fameux sommet de la CEDEAO. Je pense que la CEDEAO n’osera pas infliger des nouvelles sanctions contre les trois Pays, si non, si telle serait le cas, nous assisterons au déclin progressif de la CEDEAO dans beaucoup de domaines.

Étienne Fakaba Sissoko, Économiste : Merci pour votre sollicitation pour le micro trottoir du journal Le Confident. Concernant la réunion des Ministres de l’Économie et des Finances de l’AES, tenue à Bamako, je dois dire que j’ai été assez sceptique quant à son efficacité. À mon avis, cette rencontre ressemblait davantage à une mise en scène, un spectacle, qu’à une réunion productive. Les participants, en dépit de leurs efforts, semblaient être confrontés à des obstacles structurels et systémiques similaires, limitant leur capacité à apporter des solutions concrètes et efficaces.
Il est important de noter que si des économies plus robustes au sein de la CEDEAO ont du mal à surmonter certains défis majeurs, il semble peu probable que des pays avec des indicateurs de développement humain plus faibles puissent trouver des solutions miracle à ces problèmes complexes. Je pense que ces pays doivent se concentrer sur le renforcement de leurs propres économies et infrastructures avant de pouvoir contribuer efficacement à des solutions régionales. Il est crucial pour eux de se ressaisir et d’adopter des stratégies plus réalistes et réalisables à court et moyen terme.

Malick Traoré, Professeur de l’Enseignement Secondaire : A mon avis, cette charte du Liptako Gourma qui a institué l’Alliance des États du Sahel est un nouveau cadre pour nos trois pays à savoir : le Mali, le Burkina Faso et le Niger de mutualiser leurs efforts pour relever les défis communs auxquels ils sont confrontés. Il s’agit surtout de la lutte contre le terrorisme, le développement, les changements climatiques. Ces trois pays qui partagent le même espace géographique, ont un destin commun et du fait qu’ils aient été injustement sanctionnés par les organisations ouest africaines qui devraient plutôt les soutenir à faire face au défi sécuritaire, donc une raison de plus pour se trouver un cadre crédible dans lequel ils peuvent se comprendre pour trouver des solutions locales aux problèmes locaux.
Par ailleurs, malgré la présence des casques bleus au Sahel, pendant une décennie, ces trois pays n’ont vu que leur situation sécuritaire se dégrader. Voilà des raisons pour lesquelles ces pays ont décidé de se mettre ensemble pour atteindre leurs objectifs communs. Personnellement, j’ai de l’espoir que cette Alliance permettra à nos trois pays de relever ces défis communs en conjuguant ensemble leurs efforts. Merci !

Bakara Diarra, Enseignant : Pour moi, c’est une bonne initiative. Surtout s’ils arrivent à appliquer les recommandations dans le meilleur délai.

Youssouf Keita, Président AJDS : La conclusion issue de la récente rencontre des Ministres de l’Économie et des Finances de l’Alliance des États du Sahel (AES) à Bamako est prometteuse et démontre une volonté forte de coopération économique et de développement entre le Burkina Faso, la République du Mali et la République du Niger. Les recommandations formulées par les ministres touchant des domaines variés tels que la sécurité alimentaire, la sécurité énergétique, les infrastructures, et la mise en place d’une union économique et monétaire soulignent l’ambition de ces nations à travailler ensemble pour le bien-être de leurs populations.
La diversification des partenariats, la création d’un fonds de stabilisation et d’une banque d’investissement, ainsi que la promotion du financement d’infrastructures communautaires par la DIASPORA, sont des initiatives particulièrement intéressantes qui pourraient stimuler le développement durable dans la région. Toutefois, la mise en œuvre effective de ces recommandations sera cruciale, et il sera important de suivre attentivement les prochaines étapes pour évaluer l’impact concret de cette coopération stratégique. En dépit des aspects prometteurs de la conclusion de la récente rencontre des Ministres de l’Économie et des Finances de l’Alliance des États du Sahel (AES), il est crucial de noter certaines absences significatives. Notamment, l’absence de mesures spécifiques pour renforcer la démocratie dans les pays membres, qui, à l’heure actuelle, sont tous dirigés par des gouvernements de transition.
La consolidation de la démocratie est une pierre angulaire du développement durable, et il serait judicieux que les discussions futures au sein de l’Alliance intègrent des propositions concrètes pour renforcer les institutions démocratiques dans la région. Cela pourrait inclure des initiatives visant à garantir des élections libres et équitables, à renforcer l’État de droit, et à promouvoir la participation citoyenne. De plus, il est essentiel de souligner l’importance de fixer des chronogrammes clairs pour la sortie des transitions dans les trois pays membres. Un engagement ferme envers des processus démocratiques transparents et la planification de la transition vers des gouvernements élus légitimement sera essentiel pour assurer la stabilité politique et le respect des principes démocratiques.
Il est donc impératif que l’Alliance des États du Sahel intègre ces considérations dans ses discussions futures pour garantir une approche holistique du développement, englobant à la fois les aspects économiques et démocratiques. La réussite de cette coopération stratégique dépendra de la mise en œuvre efficace de mesures visant à renforcer non seulement l’économie mais aussi les fondements démocratiques de la région. »

Mahamadou Sangaré, Comptable : Nous attendions cette nouvelle depuis belle lurette. Grâce à Dieu le rêve se concrétise et se réalise au fur et à mesure. Nous sommes des pays en bas de peloton depuis bon nombre de temps et nous n’avons d’yeux qu’aux ressources naturelles gracieusement offertes pour espérer sur un développement durable et harmonieux dans un avenir non lointain.
Le rassemblement des trois pays est une union de force inestimable qui doit être respectée et validée à sa juste valeur par le reste du monde. A ce sujet, tout développement réel passe par la souveraineté monétaire et économique, donc la monnaie pour cette communauté est impérative pour ne pas dire indéniable.

Lassana Tangara, Conseiller Technique en charge des questions en lien avec l’Éducation, la Culture et la Communication : Si cette conclusion pouvait être traduite en acte concret, ce serait une bonne chose. L’indépendance économique et surtout monétaire est la meilleure voix pour l’émancipation.

Mamadou Traoré, 1er vice-président du parti RPR RENOUVEAU (Rassemblement Patriotique pour la Renaissance) : Moi je pense que cette rencontre est une bonne initiative de nos dirigeants qui permettra d’avoir une AES du peuple, c’est à dire avoir un espace économique commun pour la libre circulation des biens et des personnes ; la facilitation et l’harmonisation des procédures dans un marché commun.

Réalisation Dognoume Diarra

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