AGUIBOU BOUARÉ, Président de la CNDH : Nous avions redouté l’instabilité institutionnelle conduisant à l’incertitude, à un bon dans le vide, avec son corollaire de recul dans le respect et la protection des droits humains, dans un contexte de crise multidimensionnelle. Malheureusement, l’histoire nous donne raison en partie au regard des insuffisances fustigées par nombre de citoyens. Qu’à cela ne tienne, les Maliennes et Maliens pouvaient se retrouver, profiter de ce vide, pour jeter les bases de la refondation de l’Etat.
Si tous les acteurs étaient de bonne foi, en moins de 18 mois, cette transition pouvait s’attaquer aux défis réels du pays, en jetant, ne seraient-ce que, les jalons car le diagnostic des maux du Mali est fait et connu. Les états généraux ont lieu dans presque tous les secteurs sur les problèmes majeurs du pays.
Avec un peu de bonne foi, d’inclusivité, de transparence, moins de malices, moins de ruse, cette Transition pourrait réaliser de meilleurs résultats. Malgré ce temps perdu en tergiversations, le laps de temps restant peut suffire à organiser des élections libres, transparentes et crédibles avec plus d’inclusivité dans la conduite des affaires publiques. Il est temps de sortir du népotisme, du clanisme, du corporatisme, du reste reprochés aux régimes antérieurs, pour privilégier la compétence, le mérite dans le choix des Femmes et des Hommes devant rattraper le temps perdu.
Les Maliennes et les Maliens ne devraient pas rester indifférents, chacun dans son domaine, à la marche des affaires de leur pays ; l’indifférence est une infirmité du cœur et de l’esprit comme qui dirait. Au total, les 9 mois restant devraient être réservés prioritairement à l’organisation des élections surtout présidentielle et législatives.
Dès l’entame, les organes de cette Transition ont été mis en place dans des conditions controversées où le déficit de transparence et l’insuffisance d’inclusivité ont été dénoncés. La gestion de la fronde sociale n’a pas été heureuse. Le respect et la protection des droits humains ont connu du recul singulièrement au niveau des unités d’enquête (Commissariats de police et Brigades de gendarmerie). Les abus et violations des droits humains continuent au nord, au centre et au sud-ouest dans la région de Kayes sur fond d’impunité face aux violences consécutives aux pratiques esclavagistes.
Matenin Niambélé : Vu que le pays est en lambeaux, une transition de 18 mois ne saurait tout régler comme en un coup de baguette magique. Il est vrai que les Maliens ont soif de changement, mais déjà à 9 mois on a l’impression que c’est toujours l’Éternel recommencement. Rien que par l’ébullition sociale. On a toujours l’impression que c’est l’ancien système qui continue. Or le changement doit être radical. On ne saurait faire du Neuf avec du vieux. Comment peut-on désirer le changement alors qu’on n’est pas prêt mentalement ? Les portes du changement véritable ne s’ouvriront que de l’intérieur. Au Mali tout le monde parle du changement, mais nos sales habitudes ont la vie dure.
Hélas ! Cette transition est comme un bateau Ivre au gré du vent.
Dr Abdoulaye Fanta Sissoko : Je trouve le bilan négatif car j’attendais une mise à jour à tous les niveaux mais ça été le contraire. La transition du 18 mois au Mali, l’espoir du peuple souverain malien entre <émasculation et incertitude>. Si le coup d’Etat du 18 août 2020 par la junte militaire déjà amorcé par un peuple agonisé par les maux sans précédent en occurrence : l’insécurité galopante, la gabegie de deniers publics, le chômage cruel, la santé publique au rendez-vous des business, le coût de la vie insurmontable…
En effet, la transition était salutaire au regard de ce peuple meurtri dans son âme, dont leur espoir était misé sur un Mali nouveau, prospère, juste et équitable dans l’utilisation des ressources publiques au service de l’intérêt général. La jeunesse malienne victime de la manipulation politicienne est devenue une proie facile au terrorisme et la délinquance à mains armées. La gabegie financière monopolisée par l’élite au détriment du peuple lambda tant décriée est redevenue une moquerie cruelle.
Si la justice, la sécurité, l’emploi, le développement local sont les volontés absolues du peuple souverain malien restent une quête d’incertitude. Il nous faut sincèrement des patriotes éclairés à la situation actuelle du pays. Seuls, les diplômes ne doivent plus suffire pour administrer dans ce pays. Il est vraiment temps qu’on prenne conscience de laisser nos divergences à côté et faire appel à l’expertise locale. Car ils seront aussi les grands perdants dans l’échec de gouvernance.
Imaginez des gens comme : Kamisssa, Ouane, boubou viennent gouverner seulement avec leurs diplômes et théories. La transition du 18 mois au Mali, l’espoir du peuple souverain malien entre <émasculation et incertitude>. Si le coup d’Etat du 18 août 2020 par la junte militaire déjà amorcé par un peuple agonisé par les maux sans précédent en occurrence : l’insécurité galopante, la gabegie de deniers publics, le chômage cruel, la santé publique au rendez-vous des business, le coût de la vie insurmontable…
Dr Ousmane Diarra : Depuis le 27 septembre 2020, jour de l’investiture du président de la transition à aujourd’hui, il y a neuf mois, pas un seul jour n’est passé sans que la population ne se pose la question sur la suite des évènements pour la bonne continuité des affaires du pays. Pendant, cette période de mi-parcours, plusieurs choses se sont déroulées dans la gestion des affaires de l’État. Tout d’abord, il y a eu l’affaire des otages soldée par la libération de l’honorable Soumaila Cissé, dont la population a célébré le retour pour après être déçue en apprenant par la suite les conditions de sa libération et sa mort par le temps. Puis arriva ce fameux jour où un village dans le cercle de Bankass (Farabougou) fut assiégé par de présumés terrorismes pendant une semaine, dont des tractations ont abouti dans la discrétion avec à la tête des opérations le colonel Assimi Goita. Ensuite, un fait inquiétant sur la nomination de bon nombre de militaires qui s’octroient les postes clés de la transition et même de l’Administration. Le plus dur, c’est sur plan de la sécurité et de la santé où les cas d’attaques par des hommes à main armée se multiplient. On a l’impression que le Nord s’est transporté dans la capitale.
Abdourahmane Doucouré : La transition comme son nom l’indique est une période transitoire qui intervient très généralement pendant un moment difficile d’ un pays. Au Mali, même si on avait espoir sur cette transition, car on pensait que le coup d’état avait été orchestré par des jeunes colonels qui avaient l’amour de la patrie. Au fil du temps, nous avons vu des militaires très intéressés. Du coup, des postes stratégiques ont tous été occupés par eux pour peu de résultat. Les grèves se succèdent, la crise bat son plein, les attaques contre les militaires ne se sont pas arrêtées. Le cout de vie est devenu cher
Il faut par ailleurs signaler aussi que tout n’est pas mauvais, le secteur de l’éducation a connu une avancée. Les cours ont repris et à tous les niveaux de l’éducation. Un secteur qui était resté à la traine. Aujourd’hui, l’urgence c’est d’œuvrer rapidement à un retour à l’ordre constitutionnel et cela passe forcément par l’organisation des élections crédibles et transparentes en respectant le calendrier. Mais malheureusement avec la démission du gouvernement, l’on se demande si le calendrier sera respecté.
En un mot, s’il y’avait note à donner à la transition, j’allais donner 9/ 20.
Rassemblés par Dognoume Diarra