EDITO : tout laisse

Sene Kunafoni

Hier, tu étais roi, trônant sur ton piédestal doré, distribuant sourires condescendants et décisions impériales. Ministre, conseiller, chargé de mission… peu importe le titre qui ornait ta porte.

Aujourd’hui, la réalité t’a rattrapé, et l’éclat de ton trône a disparu comme une étoile filante dans la nuit. Te voilà débarqué, simple mortel parmi les autres. L’ivresse du pouvoir ! Elle te fait croire que le monde tourne autour de toi, que ton savoir est une lumière unique dans l’obscurité du commun des mortels. Chaque signature que tu apposais sur un document, chaque mot prononcé dans une réunion semblait une prophétie. Et pourtant, ce fauteuil que tu croyais éternel t’a glissé entre les doigts.
Dans ton ascension fulgurante, combien de ponts as-tu brûlés ? Combien de collègues, jadis amis, as-tu relégués au rang d’inutiles, bloqués ? L’excès de zèle est un feu dévorant, et tu t’y es abandonné avec passion, croyant que le vent ne changerait jamais de direction. Mais voilà, le vent tourne toujours, et ceux que tu as méprisés hier te regardent aujourd’hui avec une ironie silencieuse.

Dans cette vie, tout laisse. Les titres, les honneurs, les privilèges… Ils ne sont que des feuilles mortes emportées par les saisons du destin. La modestie, cette vertu oubliée, est pourtant le seul manteau qui puisse nous protéger du froid de la chute. Car si l’on reste humble dans la gloire, on peut encore regarder les autres dans les yeux une fois la lumière éteinte.
À toi, le prochain nommé, futur détenteur de ce fauteuil en rotation perpétuelle : souviens-toi que le pouvoir n’est qu’un prêt à durée limitée. Reste modeste, car c’est dans l’humilité que réside la vraie grandeur. La force n’est pas dans le titre que tu portes, mais dans la manière dont tu traites ceux qui t’entourent.

Demain, ne sois pas ce roi déchu qui évite les regards. Sois plutôt celui qui peut croiser les yeux de tous, fier non pas de son titre, mais de sa dignité. Alors, pour toi qui lis ces lignes : reste humble, reste modeste. Car aujourd’hui, tu es roi, mais demain… qui sait ?

Abderahmane Doucouré

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *