Il n’est un secret pour personne, l’avènement de la démocratie a payé très cher autant sur le plan sociopolitique, éducatif, économique et humain, pour les pays d’Afrique. Cependant, cette même démocratie peine à faire du chemin après 3 décennies dans certains pays et 2 dans d’autres. Du point de vue de plusieurs observateurs politiques, ça devient le scenario d’un pas en avant et deux pas en arrière pour quelques pays tels que le Mali, la Guinée Conakry et le Burkina Faso.
De l’avènement des indépendances en passant par les périodes de dictatures à la démocratie, nombreux sont les pays d’Afrique qui peinent à se stabiliser, et de s’envoler vers la prospérité et l’émergence. Aujourd’hui, la population de la plupart de ces pays sont nostalgiques des régimes des pères fondateurs. Il s’agit surtout des régimes qui étaient considérés comme dictatoriales. Cela, à cause des comportements egocentriques des dirigeants dits démocrates.
Selon certains observateurs de la scène politique africaine, les soi-disant démocrates qui se réclament du peuple, en faisant croire que le pouvoir est exercé par et pour le peuple, sont dépourvus de tout esprit de patriotisme et de bonheur collectif. Ils ne sont au pouvoir que pour leurs seuls intérêts égoïstes. Conséquences, des coups d’états dont les résultantes sont désastreuses à travers des bains de sang entre des populations civiles, des frères d’armes et souvent entre des ethnies, est devenue monnaie courante. Hélas, nombreux sont ceux qui reprochent ces coups d’états à l’occident et la France en particulier. Mais, en réalité, quand on fait un égrenage des faits, l’occident et la France en particulier, n’en est pour rien, pour la plupart. Nous ne parlons pas du cas (de la Libye sous Kadhafi).
Enfin, reconnaissons que l’occident était derrière la plupart des premiers coups d’états consommés dans les différents pays africains, juste après les indépendances et contre les pères fondateurs. Cependant, du Mali en passant par le Niger, le Burkina, la Cote d’Ivoire, le Benin, la Guinée, le Togo, le Ghana, le Nigeria, j’en passe, tous les récents coups d’états ont pour cause la mauvaise gouvernance.
La mauvaise gouvernance, la source du mal.
Des spécialistes prouvent à travers des analyses, qu’elle engendre le chômage, le terrorisme, le banditisme, la pauvreté et le dégoût de la vie. Face à ces fléaux, le peuple se sent abandonné par ceux-là qui se disent démocrates et qui, pendant les campagnes ne cessaient de faire croire au peuple que dès qu’ils seront au pouvoir, que le pays se transformerait en un petit paradis. Mais, une fois au pouvoir, c’est leurs familles et les familles de leurs entourages qui se la coulent douce. Du coup, une partie du peuple se sentant trahi, se transforme directement en ennemi du pouvoir.
Cela trouve qu’au moment des élections, qui sont pour la plupart des élections bâclées, le Président s’est fait des adversaires qui se transforment en opposant. Alors la partie du peuple mécontent et les adversaires qui vivent désormais avec rancune, car souvent victimes d’élections mal organisées, se joignent pour faire face au Président qui a déjà oublié le peuple en ne s’occupant que de sa famille et de son entourage. Le plus souvent, ils acceptent le Président en lui donnant la chance de passer son premier mandat puis un deuxième est acheté avec l’argent public. Ici il serait couard de ne pas mentionner l’hypocrisie et la malhonnêteté d’une grande majorité du peuple qui se laisse acheter sans se soucier du sort du pays dans le futur.
Sachant bien qu’ils ont acheté les électeurs, ils essayent de tordre la constitution pour briguer un troisième mandat. Toute chose qui, pour la plupart se termine par remonter le peuple ayant passé 10 bonnes années entrain de patienter et s’apitoyer sur son sort. Cependant, ce dernier n’ayant d’autre moyen, prend la rue dans le but de réclamer le droit que la démocratie l’ordonne théoriquement et ce que le président et son entourage le confisque pratiquement. Ainsi, le pays se déstabilise de jour en jour avec des marches intempestives, organisées souvent par des couches hybrides ayant comme seul but le départ du Président qui aurait trahi ses promesses de campagne. Et c’est en ce moment que les militaires, conformément à leurs slogans et leurs devoirs et serment vis-à-vis de la patrie et du peuple, interviennent par un coup d’état.
Que faire pour la bonne marche de cette démocratie mort-née dans ces pays de coup d’état en Afrique ?
Selon des observateurs, pour la bonne marche de la démocratie plus que jamais suffoquée par les coups d’état, il faudrait essentiellement que les dirigeants se démarquent de l’égocentrisme. Qu’ils apprennent à vivre dignement vis-à-vis du peuple qui les élut. Qu’ils évitent d’être des présidents arrogants. Le peuple également, a sa part de responsabilité dans le dérapage de certains de ses présidents. L’hypocrisie de nos peuples fait tomber beaucoup de ces présidents dans des erreurs irréparables. Dans beaucoup de nos pays, tu verras des gens qui soutiennent le président à tort ou à raison pourvu qu’ils gagnent leur part de gâteaux. Ils ne les disent jamais la vérité et s’empennent aux autres qui le font. Ils n’ont aucune vision ni aucune vocation pour l’intérêt général, mais leurs seuls intérêts égoïstes.
Face à ce « recul » de la démocratie et ou l’incohérence des hommes avec les principes démocratiques, un rappel sur les luttes démocratiques s’impose.
Dans l’extrait d’une publication « La démocratie en Afrique : succès et résistances », du Sénégalais Babacar Gueye, il s’avère que les conférences nationales initiées en Afrique au début des années 1990, à la suite de la chute du mur de Berlin et de l’effondrement des pays communistes de l’ancien bloc de l’Est, ont inauguré la « vague de démocratisation », selon l’expression de Samuel Huntington. Il relate qu’à cette époque, le processus de démocratisation avait déjà été enclenché plus tôt dans un certain nombre de pays africains (Sénégal, Gambie, Cap-Vert, île Maurice, Lesotho, par exemple). Mais la plupart des pays africains l’ont lancé au début des années 1990 selon deux modalités différentes. Et, l’effervescence qui a accompagné ce processus était telle que certains observateurs n’ont pas hésité à annoncer le caractère irréversible de la démocratie pluraliste au plan universel, et en particulier en Afrique.
La remarquable convergence de tous les systèmes de gouvernement du début des années 1990 en faveur de la démocratie libérale et sa généralisation avaient en effet fini par faire penser que le continent africain était entré irréversiblement dans la galaxie des pays démocratiques. Il n’est pas un pays africain qui ne se réclame de la démocratie, à l’exception de la Libye qui lui a délibérément tourné le dos. Mais les développements politiques ultérieurs et l’épreuve de la réalité, une décennie après leur avènement, sont venus rappeler aux plus enthousiastes que ces transitions démocratiques sont encore « fondationnelles » et donc susceptibles d’évolutions réversibles, voire régressives.
Dognoume Diarra