CILSS : Promouvoir le développement de l’Agriculture à travers la lutte contre la désertification et la pollution des cours d’eau au cœur des activités du 34eme anniversaire

Sene Kunafoni

Dans le cadre de la célébration de la 34ème journée du CILSS qui se tiendra le jeudi 12 septembre prochain sous le thème : « Promotion de Solutions Innovantes de Lutte contre l’Ensablement et la Pollution des cours d’eau au Sahel et en Afrique de l’Ouest », M. Mahamadou Namory KEITA, Secrétaire Permanent du Comité National du CILSS (SPCONACILSS), chargé de suivi des activités du CILSS au Mali a accordé une interview à votre hebdomadaire d’informations agricoles et divers « L’Œil du Péon » sur les réalisations et les perspectives du CILSS.
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Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs ?
Je me nomme Mahamadou Namory KEITA, SPCONACILSS, chargé du suivi des activités du CILSS au Mali.
Pouvez-vous nous parler du CILSS ?
Le CILSS est le Comité Permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sècheresse dans le Sahel. Le Mali étant membre fondateur, le CILSS y intervient depuis les années 1973. C’est suite à la grande sècheresse des années 70 que les chefs d’Etats des pays membres dont le Mali ; le Tchad ; le Sénégal ; la Mauritanie ; le Burkina Faso ; le Niger et la Gambie se sont réunis pour mettre le CILSS en place dans le cadre de la prévention des effets de la désertification et de la sécheresse.
Quelles sont les structures du CILSS ?
Pour la bonne marche des stratégies, les chefs d’états ont créé trois instances au sein du CILSS à savoir : le Secrétariat exécutif à Ouagadougou au Burkina Faso; le Centre Régional AGRHYMET (CRA) à Niamey au Niger, chargé des questions de gestion de la météo et de la pluviométrie et en fin l’INSAH (Institut du Sahel), chargé des études agro-socioéconomiques (recherches agronomiques, semences et pesticides) et démographiques basé à Bamako au Mali.
L’Institut du Sahel a beaucoup travaillé dans le domaine du dividende démographique et de la population à travers des études sur l’évolution et les mouvements de la population, de façon générale tout ce qui est pour le bien-être de la population. Dans un second temps il fait des études sur l’évolution des marchés agricoles qui consiste à faire le lien entre l’agriculture et le marché, comment promouvoir la commercialisation des produits alimentaires avec la fixation de prix et une bonne organisation du marché agroalimentaire sans oublier le Comité Sahélien des Pesticides chargé de l’homologation.
Le Centre régional AGRHYMET (CRA) chargé des questions météorologiques est en train de devenir aujourd’hui, le centre par excellence, dans la prévision météorologique en Afrique de l’Ouest car toutes les prévisions météorologiques actuelles sont du CRA. Toutes questions sur les changements climatiques viennent du Centre Régional AGRHYMET.
Pouvez-vous faire un bilan du CILSS qui s’apprête à célébrer son 34eme anniversaire demain 12 septembre 2019 ?
Parlant de cette célébration du 34eme anniversaire je profite d’informer qu’à l’occasion de chaque anniversaire du CILSS un thème spécifique est choisi conformément à la réalité du moment pour une bonne sensibilisation et information de la population. Pour cette année le thème retenu est : « Promouvoir le développement de l’Agriculture à travers la lutte contre la désertification et la pollution des cours d’eau », un thème qui prend en compte deux problèmes cruciaux du moment : l’ensablement et la pollution des cours d’eau. En termes de bilan, beaucoup d’activités ont été réalisés et d’autres sont en cours, dans le domaine de la lutte contre l’ensablement à savoir la fixation des dunes de sables.
Dans le domaine de protection des cours d’eau afin de pâlier à la pollution, le Mali a voté depuis 2004, une loi contre les sachets plastiques qui n’est pas respectée malheureusement jusque-là. Pour cause les cours d’eau ainsi que les maisons sont envahis par les sachets plastiques.
A cet effet, pour ce 34eme anniversaire, le CILSS entend faire revivre un certain nombre de ces activités conformément au thème à travers des groupes de femmes engagées à protéger les berges du fleuve Niger. Aussi, Agence du Bassin du Fleuve Niger ABFM est engagée pour le dragage dudit fleuve afin de rendre possible et confortable, la navigation.
Comment voyez-vous le bilan des 34 ans du CILSS au Mali?
Je trouve le bilan positif dans la mesure où la sécurité alimentaire est assurée. Le CILSS est l’instance qui a beaucoup appuyé le Mali dans le cadre de la mise en place des outils statistiques permettant de faire l’état de la situation alimentaire dans tous les pays membres. L’outil principal dans le cadre de l’estimation des récoltes est l’ancre agricole de conjoncture mises-en place par le CILSS. Auparavant on était avec ce qu’on appelle les bilans céréaliers, mais avec l’évolution on est aux bilans alimentaires. Et c’est à travers le bilan alimentaire que naitra le cadre harmonisé qui est actuellement à sa deuxième phase dont le cadre harmonisé 2.0.
Donc tous ces outils permettent au CILSS d’évaluer le niveau de sécurité alimentaire dans chacun des pays membres. Prenons par exemple, le Mali a une production de plus de 10 millions de tonnes de céréales. Le Besoin du Mali en termes de consommation alimentaire pour les céréales ne dépasse pas les 4 millions 600 mille tonnes. Au maximum si le Mali avec 4 millions 500 à 4 millions 600 cela peut nourrir l’ensemble du Mali. Ainsi le reste des plus de 4 à 5 millions est un gain pour les populations permettant d’améliorer le revenu en milieu paysan. Donc c’est grâce à cet outil que les états membres parviennent à évaluer et à suivre l’évolution de la sécurité alimentaire dans leurs pays respectifs, d’où son importance.
En matière de lutte contre l’ensablement on l’a dit, il y a énormément de projets. Je prends par exemple le P2RS (Programme de Renforcement de la Résilience à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle au Sahel). Avec les réalités du changement climatique le CILSS, avec l’évolution a vu la nécessité d’aller renforcer la résilience des producteurs. La résilience des producteurs est la capacité des paysans à se prendre en charge ; à développer des actions ; à développer des mécanismes pour pouvoir faire face à des chocs climatiques.
Vous voulez dire les réalités du réchauffement climatique ?
Tout à fait, par rapport au réchauffement climatique ; aux inondations et aux grandes sécheresses. Quand il y a les inondations ; les grandes sècheresses comment la population fait pour se relever. Le CILSS a développé des capacités et des techniques pour permettre aux populations de se relever après des chocs dû à des évènements surnaturels à travers le P2RS. Il y a également le projet appelé PRAPS qui intervient dans le domaine de l’élevage pour le renforcement de capacité.
Le PRAPS est parvenu à organiser l’élevage et le parcours du bétail. Vous savez, dans nos pays il y a l’élevage extensif, on n’a pas développé l’élevage en tabulation. Ce qui veut dire que les éleveurs font de la transhumance de pays en pays. A cet effet, avec l’appui du CILSS le PRAPS a essayé de travailler sur les corridors du bétail. Ces corridors de bétail permettent d’éviter les conflits entre les paysans et les éleveurs étant donné que le problème majeur dans nos pays est entre les paysans et les éleveurs. Et pour éviter ces conflits il faut respecter le parcours du bétail. En plus du parcours de bétail, il y aura des marchés à bétail et également des abattoirs avec l’appui du CILSS au niveau des frontières de chaque état membres. Le PRIA (Projet de Renforcement de la Résilience a l’Insécurité Alimentaire) est également un projet du CILSS.
Le CILSS intervient-il dans le domaine de l’irrigation ?
Parlant de l’irrigation le tout nouveau projet du CILSS est le PARIIS, un projet d’irrigation. Le PARIIS est né suite au constat fait sur la nécessité de la maitrise de l’eau. Le CILSS a constaté que sans la maitrise de l’eau on continuera à faire l’agriculture, mais une agriculture qui ne peut pas atteindre un certain niveau.
La contresaison voulez-vous dire?
Oui, pour pouvoir faire la contresaison il faut maitriser l’eau. Ce nouveau projet a démarré au Mali et je pense qu’il va aménager des points d’eau pour permettre à la population de faire l’agriculture deux fois dans l’année. Ce sont des mécanismes et systèmes d’irrigation qui vont être intéressants pour le développent de l’agriculture du Mali.
Des perspectives au niveau du CILSS ?
L’une des perspectives au niveau du CILSS est que le Président de la République du Mali, S.E.M Ibrahim Boubacar KEITA s’est engagé à doter le CILSS d’un siège à travers l’INSAH (Institut du Sahel). Dieu merci, on a déjà eu le terrain à SOTUBA après l’engagement du Président Malien à construire ce siège pour l’INSAH qui est actuellement en location à l’ACI 2000. On a fait les études et on a eu un premier fond cette année, Inch Aallah nous allons commencer très bientôt la construction du siège. Je pense que cela est une grande innovation, un grand apport de la part du Mali pour le CILSS. Une autre perspective est que le CILSS est actuellement en train de faire une réforme et le consultant même de cette réforme est l’ex premier Ministre Moussa MARA. On a le rapport du consultant et très prochainement, les SPCONACILSS que nous sommes, nous allons nous réunir à Ouagadougou pour discuter sur le document (4 propositions) fourni par le consultant Moussa MARA afin de faire le choix par rapport à la nouvelle vision du CILSS.
Le CILSS a des problèmes avec cette insécurité qui perdure au Mali ?
Oui tout à fait, aujourd’hui le P2RS est confronté à ce problème d’insécurité. La zone d’intervention du P2RS2 est réduite à cause de l’insécurité qui n’épargne personne. Le Projet a les moyens, il veut investir, mais malheureusement la zone d’intervention est réduite à cause de l’insécurité. Sinon pour le moment le P2RS intervient dans la région de Koulikoro et la région de Sikasso dans le cadre de l’Agriculture avec les mesures de protection et de défense des sols (Conservation des Eaux et des Sols) ; des appuis dans le cadre de la résilience ; en équipement de maraîchage aux petits producteurs ainsi que des semences.
Propos recueillis par Dognoume DIARRA

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