I. Introduction
Le Gouvernement du Mali prépare, avec l’appui de la Banque mondiale, le Projet de Résilience urbaine de Bamako (PRUBA). Cette préparation intervient dans le cadre de l’amélioration de l’offre de services urbains et l’approfondissement continu de la décentralisation avec des collectivités territoriales aux compétences accrues mais aux capacités administratives, techniques et financières relativement faibles.
II. Objectif de développement du PRUBA
L’objectif de développement du PRUBA est d’améliorer l’accès aux services des déchets urbains, d’assainissement et d’eau potable, accroître la résilience aux inondations dans certaines zones vulnérables du district de Bamako et des communes voisines ciblées, et renforcer la capacité de gestion urbaine.
III. Composantes du projet
Le Projet est structuré autour de six grandes composantes :
- Composante 1 : Améliorations de la gestion de déchets solides ;
- Composante 2 : Amélioration de l’accès à l’eau, l’assainissement et l’hygiène ;
- Composante 3 : Investissements dans les infrastructures résilientes ;
- Composante 4 : Renforcement des capacités institutionnelles et technologies numériques ;
- Composante 5 : Gestion du projet ;
- Composante 6 : Intervention d’urgence.
Les activités du projet auront donc des effets positifs notamment sur les questions d’assainissement, dont une sous composante est consacrée à la gestion des déchets liquides avec la programmation de réalisation de deux Stations de traitement des boues de vidange (STBV).
Des études techniques, environnementales et sociales avaient été lancées pour un premier projet visant l’aménagement de deux unités de stations de traitement des boues de vidange sur le site de Sotuba pour la rive gauche et le site de Magnambougou pour la rive droite. La construction des infrastructures qui aurait dû commencer en 2017 n’a pu se faire en raison de problèmes fonciers et de financement.
Ainsi, dans le cadre du PRUBA, il est programmé de réaliser les études d’actualisation du projet desdites STBV dont la réalisation a été transférée sur deux nouveaux sites.
IV. Situation de l’assainissement à Bamako
Elle est caractérisée par le manque d’infrastructures d’assainissement et la désorganisation de la filière qui impacte fortement l’environnement. Les boues collectées et transportées sont pour la plupart déversées sans aucun traitement. Les zones de dépression, les marigots, les terres agricoles, le fleuve et même l’enceinte des habitations et les rues accueillent les boues de vidange non traitées. L’absence préalable de contrôle de la toxicité de ces boues et de plan d’épandage agricole augmente le risque de pollution des sols et de survenance de problématiques sanitaires majeures.
La zone de Sénou est déjà utilisée pour ces dépôts de boue non contrôlés. Le secteur principal utilisé pour les déversements des boues de vidange (environ 500 000 litres / jour) a été proposé, à la suite d’une grève en 2008-2009, par les autorités aux vidangeurs pour éviter les déversements anarchiques et dispersés dans la capitale. Les grands champs de maïs, de mil ou de gombos sont également utilisés. La proximité de ce site actuel de dépotage avec les habitations et les zones d’agriculture et de maraichage amènent de nombreuses problématiques sanitaires pendant l’hivernage, de juillet à septembre, (multiplication de cas de diarrhée, surtout chez les enfants qui jouent dans les eaux stagnantes ayant lessivé les sols contaminés).
A Tienfala, quelques zones de dépôts de déchets et de boue non contrôlés ont été constatées, mais dans une moindre mesure et sont principalement retrouvées au niveau de la rigole qui traverse la route (RN27).
V. Objectif du Rapport préliminaire
Ce rapport a pour objectif d’offrir un panorama des enjeux environnementaux et sociaux liés à l’installation des stations de traitement de boues de vidange à Bamako. Il permet de saisir les principales problématiques propres à chaque zone d’accueil envisagée par le PRUBA de manière à appuyer le choix de sélection du site pour un emplacement de « moindre impact ».
En effet, cette première approche sera par la suite précisée et complétée au vu de nouvelles informations sur le projet telles que le type de technologie utilisé pour le traitement des boues, y compris le devenir des effluents produits ainsi que les éventuels points de rejets dans le milieu naturel.
VI. Localisation des STBV
La localisation des STBV n’est pas précisément connue à ce jour. Néanmoins elle serait située au sein des deux grandes zones majeures suivantes :
- sur la rive gauche du Niger dans la forêt classée de Tienfala à 30 km de Bamako sur la route Koulikoro ;
- sur la rive droite du Niger dans la zone aéroportuaire de Sénou.
VII. Description des STBV
Les orientations principales du processus de traitement ne sont pas encore définies, même si le projet semble s’orienter vers un traitement par lagunage.
Les bassins de lagunage sont de grands plans d’eau artificiels. Il est possible d’utiliser les bassins individuellement ou de les relier en série pour un traitement amélioré. Il existe trois types de bassins : anaérobie, facultatif et (maturation) aérobie, chacun avec un traitement différent et des caractéristiques de conception différentes. Pour un traitement optimal, les bassins de lagunage doivent être reliés en série de trois bassins ou plus, où les effluents transitent depuis le bassin anaérobie vers le bassin facultatif et finissent dans le bassin de maturation aérobie.
Tout traitement de boues de vidange produit des boues traitées, mais également des eaux résiduelles nécessitant souvent un traitement complémentaire.
VIII. Enjeux environnementaux et sociaux significatifs
Les principaux enjeux environnementaux et sociaux liés au projet sont :
- Optimisation du fonctionnement de la filière: Il est indispensable de travailler étroitement avec le Syndicat national des vidangeurs du Mali pour optimiser les chances de réussite du projet.
- Distance de transport et accessibilité du site: Afin de réduire les coûts d’évacuation et de faciliter cette dernière, la localisation de la station de traitement doit être choisie de manière à réduire autant que possible la distance entre les lieux de production des boues de vidange et l’endroit où elles sont traitées.
- Nuisances: L’assainissement est souvent un sujet sensible en raison de croyances ou de représentations péjoratives, en particulier à cause des problèmes d’odeurs. Les populations peuvent ainsi s’opposer à l’implantation d’une station de traitement.
- Potentielle opposition en lien avec l’acquisition du terrain et l’éviction des occupants actuels: le choix du terrain devra tenir compte d’une potentielle opposition au projet en raison de l’acquisition de terrains déjà exploitées par l’agriculture ou l’habitat.
- Contamination des milieux récepteurs: le traitement des boues de vidange aboutira nécessairement à la production de deux types d’effluents que sont la fraction solide et la fraction liquide. Des équipements et installations correctement entretenus et dimensionnés et un processus de traitement bien réalisé permettra de produire des effluents traités contenant une contamination minimale et en conformité avec la réglementation nationale et les bonnes pratiques internationales.
IX. Principaux impacts positifs potentiels attendus des interventions du projet
D’une manière générale, l’installation et le fonctionnement des STBV permettront de contribuer à réduire les dégradations environnementales notamment en permettant de :
- réduire le déversement non contrôlé dans l’environnement des boues de vidanges par les vidangeurs privés et mécanisés qui viendront alors déposer les boues curées dans la STBV ;
- traiter ces boues de vidange et revaloriser la fraction solide en épandage après validation de sa qualité ;
- traiter la fraction liquide de manière à ce qu’elle réponde aux normes de qualité et être rejetée dans l’environnement.
- améliorer la qualité des corps d’eau par la réduction de la pollution de la ressource, avec un impact bénéfique sur la biodiversité et sur la diminution des coûts de traitement de l’eau ;réduire les risques sanitaires et les cas de maladies liées à l’insalubrité.
X. Principaux risques et impacts environnementaux et sociaux potentiels attendus des interventions du projet
L’un des arguments principaux sous-tendant la sélection des sites est celui de la proximité avec le lieu de production, c’est-à-dire les habitations, qui est un critère majeur du projet si l’on veut garantir son succès. En effet, un site trop éloigné découragerait les opérateurs privés de s’y rendre et entraînerait l’échec du projet et la continuation des pratiques actuelles de dépotage sur des sites inappropriés.
A l’inverse, une station trop près des habitations pourrait soulever des contestations de la part des riverains. En effet, les projets d’assainissement et de gestion des déchets, bien qu’ils visent à améliorer une situation dégradée, sont fréquemment mal accueillis par les communautés riveraines en raison d’une crainte de nuisances fortes (olfactives et visuelles) et de la perception négative de ces projets, associés à des notions d’impureté et de saleté.
Ainsi, l’un des risques majeurs pour le projet est de susciter l’opposition des riverains aux STBV qui risquent de percevoir essentiellement les nuisances potentielles locales et non les bénéfices globaux qu’elles apporteront pour l’assainissement de Bamako.
Les personnes intéressées ou les populations concernées peuvent consulter le rapport et adresser leurs observations écrites par courrier à l’adresse email suivante: babadiankaba@yahoo.fr ou à Monsieur le Coordinateur de la Cellule de Coordination pour la préparation du PRUBA : Dar Salam Rue 565, Immeuble Direction Nationale de l’Urbanisme et de l’Habitat 2ème Etage Aile Est, Bamako Mali Tel : (00223) 20 23 66 23/20 23 68 15, République du Mali.
Le Coordinateur
Babadian DIAKITE
Chevalier de l’Ordre National