Valorisation des produits locaux : Fatoumata Keïta donne l’exemple à travers ZÈGUÈNÈ SÔ

Sene Kunafoni

Le zèguènè n’a pas du tout de déchets et demeure un fruit aux multiples vertus. Ce pendant il est méconnu du grand public. Le Zèguènè (balanites aegyptiaca ou encore appelé dattier du désert) est un produit commercialisé par Fatoumata Keita depuis trois ans. Cette entrepreneure au grand coeur et surtout fière de l’être est aussi détentrice d’une maitrise en Anglais, une langue d’affaire par excellence dans un monde de plus en plus globalisé.

Nous sommes allés à la rencontre de cette « battante » à Kati­ Coco Plateau pour échanger avec elle. Elle nous raconte ses expériences dans cette difficile et exaltante aventure entrepreneuriale.

Quand avez-vous commencé cette activité ?

L’idée m’est venue quand j’étais au chômage en 2020. C’est de là que j’ai créé l’entreprise Zèguènè Sô.

Pouvez Vous nous parler un peu de votre produit Zèguènè ?

Nous, nous faisons la transformation de Zèguènè en jus, sirop et confiture. Nous faisons aussi quelques accessoires comme chapelet, bracelet et aussi un peu de savon. Nos produits sont naturels, sans colorants, conservant et sans produits chimiques ajoutés.

Quelles sont les vertus du Zèguènè ?

Les vertus du Zèguènè sont nombreuses puisque c’est un des arbres aux multiples noms et vertus. Donc, ça soigne beaucoup de maladies de la feuille à la racine rien ne se jette. D’abord, les fruits parce que ce sont les fruits que nous transformons qui soignent la constipation, le ballonnement, les troubles digestifs, les maux de ventre, les règles douloureuses de la femme, ça facilite le travail des hormones sexuelles.
Le Zèguènè est un antidiabétique, c’est aussi un antibiotique très efficace, ça soigne aussi la prostate et beaucoup d’autres maladies. Ça, c’est pour les fruits. Il y a aussi une partie appelée épicarpe (la peau) qu’on enlève et qui soigne beaucoup de maladies.

Comment se passe l’approvisionnement de l’entreprise Zèguènè Sô?

J’achète du Zèguènè dans des villages de la région de Mopti et souvent à Nioro.

Votre produit est-il connu sur le marché ?

Bien sûr, nous sommes sur le marché depuis quelques années, notamment dans les supermarchés de Bamako et aussi de Kati. Nous faisons aussi des livraisons, parce que nous avons des particuliers, donc c’est un peu connu.

Que ambitionnez vous pour améliorer Zéguènè Sô ?

Les produits de Zèguènè Sô sont naturels, nous avons encore besoin de plus de visibilité dans les médias, parce qu’il y a beaucoup de gens qui ne connaissent pas l’importance du Zèguènè, ses vertus surtout. Nous voulons que nos produits soient dans d’autres pays, surtout des pays de l’Europe.

Quel genre de partenariat avez vous besoin aujourd’hui ?

On a besoin surtout de financements car nous n’avons pas un endroit propice, pour faire tout ce que nous faisons, notamment la production et aussi l’installation des machines dont nous en avons besoin, pourquoi pas un champ de zèguènè au nom de Zègènè Sô.

Quelles sont les difficultés que Zèguènè Sô rencontre dans le cadre de ses activités ?

Les difficultés, nous en avons beaucoup. Il y a d’abord le besoin d’un local pour la production, parce que nous travaillons à la maison jusqu’à présent, nous avons donc besoin de partenaires financiers pour faire avancer nos activités. Il y a aussi le rejet du Zèguènè par les Maliens. Beaucoup de Maliens sont réticents au Zèguènè. Ils estiment que c’est amer, or, ça soigne des maladies, le côté armer c’est tout à fait normal. Parce que les gens ne cherchent pas à comprendre ce que le Zèguènè fait.
C’est un arbre vraiment négligé, parce qu’il y a des endroits même où ce sont les animaux seulement qui mangent le Zèguènè, pas les humains. Alors que ça peut aider beaucoup de personnes.
Le zèguènè n’a pas du tout d’ordures, parce que toutes les parties sont utilisées. On peut faire l’huile, le savon, de l’engrais rien n’est à jeter, ce côté là nous fatigue beaucoup. Souvent, les super marchés, ce n’est pas facile de les aborder ni d’amener les produits. Ils te disent que le Zèguènè ne marche pas beaucoup. Voilà en gros les difficultés que nous rencontrons.

Alors, quel appel avez vous à l’endroit des jeunes comme vous, singulièrement les filles qui ont fini les études et qui sont assises à la maison ?

Ce que j’ai à leur dire, c’est de ne pas attendre le gouvernement ou quelqu’un pour les aider à trouver du boulot. Si elles ont des idées en tête, c’est mieux de les développer et de chercher des moyens pour commencer à mettre en place cette idée-là. Je leur dis d’être courageuse, de se lever et de travailler parce que tout le monde ne peut pas être dans les bureaux.

Zèguènè Sô se trouve où et a-t-il participé à des expositions ?

Zèguènè Sô se trouve actuellement à Kati-coco plateau non loin du lycée Bazi Gourma. On a participé à beaucoup d’expositions même si elles sont souvent chères et la plus récente c’était le festival ‘’Minifin’’, festival des boissons et des jus.
En mot de la fin, je tiens sincèrement à remercier ma famille qui me soutient et qui m’accompagne beaucoup, mes clients qui aident à faire avancer l’entreprise, parce que sans eux, on n’existe pas. Je les exhorte de continuer à nous faire confiance, surtout que nos produits sont des produits naturels. Ils savent ce que je dis.
Et enfin, l’ensemble des médias qui m’encouragent jour et nuit en m’offrant l’occasion de parler de mon produit. Je vous remercie beaucoup (rire !)

Propos recueillis par Moussa DIARRA, Correspondance particulière.

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