Mali: Les Enjeux de l’Arrestation de Hamadoun Bah, Secrétaire Général du SYNABEF

Sene Kunafoni

L’arrestation de Hamadoun Bah, secrétaire général du Syndicat National des Banques, Assurances, Établissements Financiers, Microfinances et Commerce du Mali (SYNABEF) et secrétaire général adjoint de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM), le 5 juin 2024, a provoqué une onde de choc dans le paysage syndical et politique malien. Cet événement met en lumière plusieurs les enjeux la défense des droits syndicaux, l’implication de l’exécutif dans les affaires judiciaires, et le pouvoir excessif des magistrats.

*Contexte de l’Arrestation*

Hamadoun Bah a été arrêté en plein conflit entre le SYNABEF et plusieurs entreprises, principalement la Banque de Développement du Mali (BDM-SA). Les tensions ont été alimentées par des accusations de violations des droits syndicaux, de licenciements abusifs, et d’ingérences dans les affaires syndicales. Bah a dénoncé ces pratiques et accusé des figures politiques, notamment le ministre des Finances Alhousseyni Sanou, d’essayer de saper le mouvement syndical.

Cette arrestation suscité des réactions immédiates. Le président de l’UNTM, Yacouba Katilé, a rencontré le président de la transition, Assimi Goïta, qui a promis la libération de Bah sous 48 heures. Malgré cette assurance, Bah a été entendu par le juge d’instruction ce vendredi matin 07 juin 2024 au parquet du pôle économique. La signature de l’ordonnance de mise en liberté, attendue de pied ferme par les syndicats, tarde encore. En effet, pour signer la signature de l’ordonnance de libération le juge exige de cosigner avec le président de la transition lui même, premier magistrat. Le président se serait discrètement soustrait de la signature vers l’après midi en indiquant qu’il le fera le lundi. Cela suppose donc que M. Bah restera en prison au moins jusqu’au lundi.

Face à cette situation, l’UNTM a menacé d’intensifier les mouvements de grève en cours si Bah n’était pas libéré. Selon les informations, seul M. Bah pourra lever le mot d’ordre de grève actuellement en cours et qui sera reconduit demain samedi avec une possible jonction avec l’UNTM, ce qui nécessite sa libération immédiate et sans condition .

Les répercussions de cette arrestation sont déjà considérables. Le SYNABEF, un syndicat influent,a déjà paralysé la ville avec son mot d’ordre de 72h en cours et continue de mobiliser massivement ses membres, perturbant les opérations des banques, des assurances et d’autres institutions financières. Une telle mobilisation finira par paralyser l’économie nationale et exacerber les tensions sociales .

En réponse à l’arrestation, le SYNABEF a tenu plusieurs assemblées générales et a approuvé le dépôt d’un préavis de grève si les revendications des travailleurs licenciés ne sont pas satisfaites. Parmi leurs exigences figurent le départ du directeur général de la BDM-SA, Bréhima Haidara, et la régularisation des contrats des travailleurs des SAER et le limogeage de Alfousseyni SANOU, ministre de l’économie et des finances.

*Soutien et Opposition*

Alors que les syndicats expriment leur soutien indéfectible à Bah, les syndicats de la magistrature, notamment le SAM et le SYLIMA, menacent de libérer tous les détenus politiques si Bah est relâché. Cette situation place le président Goïta dans une position délicate, entre la pression des syndicats et la stabilité politique du pays .

On voit bien que l’arrestation de Hamadoun Bah n’est pas simplement un incident isolé, mais un révélateur des tensions profondes entre les syndicats et les acteurs économiques et politiques au Mali. La défense des droits syndicaux, la protection des travailleurs et la stabilité socio-économique du pays sont en jeu. La gestion de cette crise par les autorités sera déterminante pour l’avenir des relations syndicales au Mali.

DDS

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