INTERVIEW : A L’ÉCOLE DE DJELI SEKOUBA DOUMBIA, L’INTRÉPIDE GRIOT DES TIÉBLENTIÈS DU BÈLÈDOUGOU

Sene Kunafoni

Le Mali est reconnu comme berceau de civilisations et de glorieux empires. La mémoire de cette grandeur est gardée par les griots depuis la nuit des temps. Malgré les mutations actuelles, la fonction de gardiens de tradition anime toujours certains griots dans notre pays. Recueillir et garder intacte la mémoire collective afin de servir de pont de cohésion entre les différentes communautés dans la règle de l’art, telle est l’ambition du maître du’’kuma’’ (parole), Djeli Sekouba Doumbia. Il l’a confié à notre rédaction depuis son village natal.

Pouvez-vous présentez à nos lecteurs!

Je suis Sekouba DOUMBIA alias Djeli Sekouba, natif de la Commune Rurale de Kalifabougou ,cercle de Kati. J’y réside actuellement.

Doumbia, un nom de famille, dont l’évocation au Bèlèdougou, renvoie directement un à homme de caste, mais dans la pratique c’est tout autre.

Effectivement on peut naître griot et ne pas être un pratiquant de l’art de la parole, le ‘’djeliya’’. Je suis né dans une famille de griots, ma mère ainsi que mon père pratiquaient tous cette tradition qui sert notre pays depuis des millénaires. Qu’à cela ne tienne, bien que j’ai appris beaucoup avec eux, il m’est arrivé un moment dans ma vie de me poser cette question : est-ce bon d’être très sûr de soi au point de ne pas aller à l’école des autres ?

Voulez-vous dire un mea-culpa, quelle a été votre réponse ?

Justement un mea-culpa, vous savez, ce n’est pas pour rien que les sages nous disent que l’humilité précède la gloire. Un homme a beau être sage et intelligent il y a toujours plus sage et plus intelligent que lui. Ainsi avec la réponse à cette question , j’ai décidé de prendre mes bagages pour Bamako où je me suis inscris volontiers à l’école de Djeli Bakoroba Diabaté, l’auteur de « Fifi jolie », un grand auquel j’étais attaché pour ses qualités. Parlant de l’école, il ne s’agit pas de l’école où on va en classe et s’assoir sur les bans. Je parle bien sûr de l’école de l’art de la sagesse, de la vérité vis-à-vis des nobles afin de les mettre sur le bon chemin au service de l’humanité toute entière.

Parlant de l’importance historique des griots pour l’humanité, peut-on dire que les griots jouent encore le même rôle ?

En toute franchise je dirai sans risque de me tromper que beaucoup de griots dérogent aux règles du ‘’griotisme’’ aujourd’hui. Autrefois le griot ne portait pas l’importance sur un tel ou un tel parce qu’il est riche ou pauvre. Le griot considérait le noble par l’acte qu’il pose dans la société en toute dignité afin de servir d’exemple aux autres. C’est vraiment une triste réalité aujourd’hui que des griots ayant plus de moyen se permettent de se comparer aux nobles qui ont toujours été au service de leurs ancêtres.

Parlant de l’incitation des nobles à poser de bonnes actions, le nom de l’Association Beledougou Donkan vous dit quelque chose ?

Ce nom me dit grand-chose , je m’explique et vous faire un peu l’historique. Tout est parti de notre rencontre chez Jean Marie COULIBALY, avec des journalistes ressortissants du Bèlèdougou lors d’une cérémonie traditionnelle à Fadiabougou dans la Commune Rurale de Faladiè cercle de Kati. Soucieux du devenir de l’art et la culture du Bèlèdougou, moi en tant que griot, j’ai interpelé les journalistes (Dialakoro Oumar de l’ORTM et Bakary Tiori de Radio Belekan) à se responsabiliser dans la promotion de la culture du Beledougou avant qu’il ne soit trop tard. C’est ainsi que ces journalistes se sont mis au boulot tout en exhortant les autres journalistes ressortissants du Bèlèdougou pour la création de cette Association en 2009 afin de promouvoir l’art et la culture du Bèlèdougou.

Votre mot de fin ?

Je ne saurai terminer sans remercier les medias maliens qui œuvrent au quotidien pour la bonne information du peuple. Vu la situation actuelle du Mali, en ma qualité de griot j’exhorte les Maliennes et les Maliens a la paix et à l’entente. A tous mes frères et sœurs griots d’œuvrer dans le sens de nos ancêtres qui ont passé leur temps dans la construction du pays à travers le dialogue entre différentes communautés afin d’instaurer l’amour et la quiétude au service du développement humain.

Dognoume DIARRA

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